20 octobre 2008
INSPIRATION DE L'ÉCRITURE Part 2
11) Horne dit (Introd. vol. 11. p. 798, éd. 1822), que "Eichhorn est l'un des savants allemands qui ne reconnaissent pas l'inspiration de Moise". Il ajoute plus loin (p. 818) que "Schulze, Dathe, Rosenmüller, et le Dr. Geddes sont d'avis que Moïse n'était pas inspiré, et que le Pentateuque se compose des traditions qui avaient le plus d'autorité à cette époque. Cette manière de voir s'accrédite de plus en plus parmi les savants allemands. On lit plus loin : 'D'après Eusèbe et d'autres théologiens, Moïse aurait écrit la Genèse pendant qu'il était pâtre dans le désert de Madian, chez son beau-père" S'il est vrai que Moïse a écrit la Genèse avant sa mission prophétique, il s'ensuit que ce livre ne peut pas être considéré par les savants comme inspiré. En effet, si, au dire de Horne, et des autres savants que nous venons de citer, tout ce qu'écrit un prophète pendant l'exercice de sa mission n'est pas nécessairement inspiré, comment un écrit fait avant cette mission le serait-il ?
Ward dit (p. 48) : Luther dit (Œuvres, vol. III. pp. 40, 41) : "Je ne veux ni entendre ni voir Moise, car il n'a été envoyé que pour les Juifs " . il dit aussi : "Je ne veux point accepter Moïse, avec sa loi, car il est l'ennemi du Christ". "Moïse (dit encore Luther) est le premier des bourreaux. Le Décalogue n'a rien à faire avec la foi chrétienne". L'un des principaux disciples de ce fameux Réformateur, Islébius, ne voulait pas : "Qu'on enseignât (ou prêchât) le Décalogue dans les Eglises", et donna naissance à la secte des Antinomiens, qui soutenaient que la Loi de Dieu ne méritait pas d'être appelée la Parole de Dieu ; qu'on pouvait être "une prostituée, un marchand de prostituées, un adultère, ou adonné à tous autres péchés", pourvu qu'on eût la foi, on marcherait (tout de même) dans le sentier du salut . "Quand tu es noyé (ajoutaient-ils) dans le péché, même jusqu'au fond. si tu crois, tu es au centre de la félicité. Tous ceux qui se soucient de Moïse, id est, des dix commandements, appartiennent au diable, à la potence avec Moïse". Voilà, donc, ce que l'un des plus grands docteurs protestants, et son disciple, disent à l'égard de Moïse et de sa Loi.
S'il est vrai que le Décalogue n'a rien à faire avec la loi chrétienne. que Moise est l'ennemi du Christ, que rien dans l'Ancien Testament n'est d'inspiration divine, les Luthériens devront admettre que le polythéisme, l'idolâtrie, le vol, l'adultère, le faux témoignage, sont les fondements de la doctrine protestante, car ils sont contraires aux préceptes mosaïques et aux dix commandements. Un théologien protestant me disait : "chez nous Moïse n'est pas prophète, mais simplement un homme de génie, un législateur". Un autre me dit :"Pour nous Moïse n'était qu'un brigand et un voleur". Je lui dis : "Ne dites pas de choses pareilles". "Pourquoi", répondit-il "le Christ n'a-t-il pas dit : « tous ceux qui sont venus avant moi, ont été des larrons et des voleurs, et les brebis ne les ont point écoutés » (Jean X. 8 ) . Ces mots : « tous ceux qui sont venus avant moi » ajouta-t-il, s'appliquent à Moise et à tous les prophètes hébreux" Ne serait-il pas possible que les partisans et les promoteurs de cette doctrine fussent, eux-mêmes, l'objet des paroles du Christ.
12) Luther dit que l'Epître de Jacques n'a aucune valeur canonique. Jacques dit dans son Epître (V. 14) : "Quelqu'un est-il malade parmi vous ? Qu'il appelle les pasteurs de l'Eglise, et qu'ils prient pour lui, et l'oignent d'huile au nom du Seigneur". Luther observe à ce propos (Œuvres. vol. II.) :"En admettant même que cette Epître fût de Jacques, je dirai qu'il n'est pas permis à un Apôtre, par son autorité privée, d'instituer un Sacrement ; cela appartient au Christ seul".
Non seulement l'Epître de Jacques, mais toutes les institutions des Apôtres, seraient sans valeur, d'après Luther ; c'est la conclusion qu'il faut tirer de ces mots : "Cela (c'est-à-dire ce droit) appartient au Christ seul". Thomas Ward dit, en outre : "Poméran, théologien protestant fort réputé, et disciple de Luther, écrit au sujet de l'Epître de Jacques : 'Il (Jacques) conclut d'une manière ridicule . il cite l'Ecriture contre l'Ecriture, ce que le Saint-Esprit ne saurait approuver ; c' est pourquoi cette Epître peut ne point être comprise parmi les autres livres qui proclament la justification par la foi". "Vitus Théodorus, prédicateur protestant de Nuremberg dit .
'C'est à dessein que nous avons écarté l'Epître de Jacques et l'apocalypse de Jean, parce que l'Epître de Jacques, non seulement est condamnable dans certains endroits où il (l'Apôtre) donne trop le pas aux œuvres sur la foi, mais toute la doctrine, aussi, en est un assemblage disparate de pièces rapiécées qui ne s'accordent pas entre elles". Les Centuristes Magdébourgiens disent que "l'Epître de Jacques s'écarte trop la doctrine apostolique en proclamant que la justification n'est pas seulement par la foi, mais par les œuvres aussi, et appelle la Loi, une Loi de Liberté". On voit, par ce qui précède, que tous ces grands savants ne reconnaissent pas à l'Epître de Jacques une inspiration divine, tout comme leur fameux guide.
13) "Clébitius, éminent docteur protestant (dit, en outre, le même Ward) oppose les Evangélistes l'un à l'autre : Matthieu et Marc, dit-il annoncent le contraire ; par conséquent Matthieu et Marc étant deux témoins, méritent plus de crédit que Luc seul". Il ressort de cela :
1) Qu'il y a des différences de fond entre ces Evangélistes.
2) Que leurs Evangiles ne sont pas révélés, autrement on ne pourrait pas établir des comparaisons, entre eux, au point de vue du plus ou du moins d'autorité de leurs récits.
14) Paley a publié un travail sur l'authenticité de l'Ecriture, qui a été imprimé en 1850, et qui jouit d'une grande autorité parmi les théologiens protestants. Il y est dit (p. 323 ) . "Le second reproche qu'on fait aux premiers Chrétiens, c'est d'avoir cru à une fin prochaine du monde. Je ferai remarquer ici que Notre Seigneur a dit à Pierre : 'Si je désirais que Jean reste jusqu'à me venue, qu'est-ce que cela te fait ?' On donna à ces mots un sens qu'ils n'avaient pas, et on crut que Jean ne serait pas mort ; cette opinion se répandit parmi les Chrétiens de ce temps.
Supposons que l'origine de cette croyance eût été oubliée, et qu'elle nous eût été transmise comme étant la croyance générale des Chrétiens, serait-il juste de s'en prévaloir comme d'un argument contre la religion chrétienne ? On peut appliquer le même raisonnement à cette croyance à la fin du monde, que les premiers Chrétiens croyaient être prochaine, sur la foi des l'Evangile et des Epîtres ? La difficulté que nous tâcherons de résoudre dans ce chapitre se pose ainsi : la faillibilité des Apôtres étant admise, jusqu'à quel point pouvons-nous avoir confiance dans leur jugement ?
A cette question le défenseur du Christianisme pourra répondre, en discutant avec les adversaires de la foi : 'Donnez-moi le témoignage de l'Apôtre, et je n'ai pas besoin de leur jugement ; donnez-moi les faits, et j'aurai tout ce qu'il me faudra pour les conclusions que je veux en tirer'.
Cette réponse n'est pas la seule que l'apologiste chrétien pourrait donner ; il y a aussi une double distinction qu'il devra faire, pour dissiper toute incertitude en cette matière. En premier lieu, il faut séparer l'objet avoué de la mission des Apôtres de toutes les circonstances secondaires qui l'accompagnent, et dont quelques-unes sont entièrement étrangères à la mission apostolique, et d'autres n'ont avec elle qu'une relation passagère et fortuite. Quant aux premières, il n'est pas nécessaire d'en parler. Nous ne dirons que quelques mots des circonstances fortuites.
La possession démoniaque en est un exemple : ce n'est pas ici le lieu de discuter la réalité de ce phénomène, ni d'exposer les arguments de part et d'autre. Je me bornerai à remarquer que l'on peut admettre, sans compromettre aucunement la vérité du Christianisme, qui c'était là une opinion erronée et généralement répandue dans ces temps, et que les Apôtres ont partagée avec tous les autres écrivains juifs de cette époque.
Cette doctrine ne fait point partie de l'enseignement de Jésus ; elle figure incidemment dans les récits chrétiens de cette époque, comme une superstition locale ; la révélation du Christ n'avait pas pour objet d'expliquer l'action des êtres spirituels sur les corps animés. Dans tous les cas cette croyance n'a rien à faire avec le dogme. En second lieu, nous devons distinguer les doctrines des Apôtres de leurs arguments. Leurs doctrines leur viennent d'une révélation, au sens propre du mot, mais en exposant ces doctrines dans leurs récits et dans leurs discours, ils les expliquaient et les confirmaient par les analogies et les arguments qui leur venaient à l'esprit.
Ainsi l'admission des gentils à faire profession du Christianisme sans devoir passer d'abord par la Loi de Moise, fut donnée aux Apôtres par révélation.
Cependant Saint Paul, en exposant cette doctrine, apporte une foule d'arguments à l'appui. La doctrine doit être reçue ; mais est-il nécessaire pour défendre le Christianisme, de faire l'apologie de chacun des arguments dont l'Apôtre a fait usage ? La même observation s'applique à tous les cas analogues. Quand les théologiens discutent un point du dogme, dit Burnet, nous devons toujours admettre comme révélée la doctrine qui résulte comme conséquence de l'objet de leurs discussions ; mais nous ne sommes pas obligés de défendre, ou même d'admettre. toutes les considérations qu'ils mettent en avant". Il y a quatre observations à faire sur ce passage :
1) Il résulte d'abord des paroles de Paley que les premiers Chrétiens, et même les Apôtres, croyaient que le monde finirait bientôt, et que Jean ne mourrait pas. Bames dit dans son Commentaire sur le 21e chapitre de Jean : "Cette croyance à l'immortalité de Jean a eu pour origine quelques paroles ambiguës du Christ, qui ont été mal interprétées, et se confirma de plus en plus, lorsqu'on vit Jean survivre à tous les autres". Le Commentaire de Henry et Scott dit . "Les paroles du Christ ont été mal comprises par les Apôtres. qui crurent que Jean ne devait pas mourir, ou qu'il serait transporté tout vivant au ciel. ... On doit apprendre par cela combien il faut se méfier des traditions, surtout celles qui se rapportent à la foi ; voilà une tradition qui a été adoptée par les Apôtres et reçue généralement parmi les premiers Chrétiens, et qui repose cependant sur une méprise". Il ajoute dans un autre passage . "Les Apôtres ont mal compris les paroles de Jésus, ainsi que le dit l'Evangéliste". Il résulte de cela que les Apôtres ont tous mal compris ; s'il fallait juger leur croyance à la fin du monde par leur croyance à l'immortalité de Jean, on devrait la prononcer aussi comme erronée.
2) Paley reconnaît que les objections que l'on peu faire aux circonstances secondaires, qui sont étrangères au dogme, ou qui s'y rattachent accidentellement, si elles sont erronées, n'atteignent pas le fond du Christianisme.
3) Il admet que les arguments personnels des Apôtres peuvent être combattus sans toucher à la foi.
4) Il affirme que l'action des mauvais esprits sur les corps est chose imaginaire provenant d'une erreur, et que cette erreur a été partagée par les Apôtres et par le Christ, lui même, parce qu'elle était l'opinion générale du pays où ils vivaient. Or, en admettant ces quatre points, on est conduit à nier l'inspiration de la moitié, au moins, des écrits Evangéliques ; il ne resterait d'inspiré , d'après ce commentateur, que les dogmes fondamentaux et les institutions ou sacrements. essentiels ; mais cette dernière opinion est contraire à celle du grand champion de la réforme, Luther, qui ne reconnaît pas à un Apôtre le droit d'instituer, de son chef, des sacrements, cela étant du ressort exclusif du Christ. Par conséquent, ni les institutions, ni les dogmes, que nous ont transmis les Apôtres, ne sauraient être considérés comme révélés.
______________________________ La suite
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