04 octobre 2010

Les épreuves : expression de miséricorde ou de chatiment...?


Proposé par Muhammad Patel
En ce qui concerne la nature et la cause des épreuves qui s'abattent sur l'être humain, les références islamiques présentent des éléments qui sont, en apparence, contradictoires:

Certains textes évoquent clairement que les épreuves constituent une miséricorde de la part d'Allah (azza wa djalla). C'est le cas par exemple du Hadith authentique qui affirme que les Prophètes (alayhimous salâm), ainsi que les personnes les plus proches d'Allah sont ceux qui sont les plus éprouvés dans ce monde.

Face à ces textes, il en existe d'autres qui indiquent que les épreuves de ce monde sont engendrées par les mauvaises actions des êtres humains, et qu'à ce titre, ils ont une dimension de châtiment. C'est ce qui ressort par exemple du passage suivant du Saint Qour'aane:


"Et quand Nous faisons goûter une miséricorde aux gens, ils en exultent. Mais si un malheur les atteint à cause de ce que leurs propres mains ont préparé, voilà qu'ils désespèrent."

(Sourate 30 / Verset 36)


Afin de concilier ces différents textes, Moufti Chafi' r.a., dans la célèbre exégèse du Coran qu'il a rédigé en langue ourdou, "Maârif oul Qour'aane", cite les écrits de Cheikh Abdoul Qâdir Al Jilâni r.a. (qui seraient rapportés par Ibné Djawzi r.a.).

Celui-ci affirme en ce sens que les difficultés qui s'abattent sur l'homme peuvent être d'une triple nature:

Parfois, il s'agit d'une punition de la part d'Allah. D'autres fois, il s'agit d'une compensation ("Kaffârah") pour les péchés commis par l'homme. Et d'autres fois encore, il s'agit d'un moyen pour élever le statut et le grade de la personne éprouvée. Tout dépend en fait de l'attitude adoptée par la personne éprouvée:

  1. Si celui qui est éprouvé manifeste de la colère face à la décision divine ("Taqdîr") et s'en plaint, cela indiquerait que la difficulté qui le touche est un signe de la Colère et de la Punition Divine.

  1. Si la personne éprouvée endure avec patience l'épreuve qui le touche, cela pourrait être un signe que celle-ci est une compensation pour ses péchés.

  1. Et si, en sus de faire preuve de patience, elle éprouve également de la sérénité au fond de son cœur, malgré les difficultés qu'elle connaît, alors il s'agirait d'une indication que son statut est en train de s'élever.

En considérant cela, on comprend déjà qu'il n'y a aucune contradiction entre les multiples références qui abordent la question: Tout est une question de contexte...

Reste maintenant un point essentiel à éclaircir et qui pourrait être exprimé en ces termes:

En apparence, rien ne permet de différencier les difficultés qui s'abattent sur l'être humain et de déterminer la nature de celles-ci: Ainsi, les apparences seules ne permettent point de déterminer s'il s'agit d'un châtiment divin, d'une compensation pour les péchés ou d'une miséricorde visant à élever le statut de quelqu'un... La question alors est de savoir s'il existe un autre moyen pour établir cette distinction ?

A ce sujet, je ne pense pas que quiconque, dans ce monde, puisse arriver à parvenir à une conclusion quelconque de façon certaine à ce niveau. Néanmoins, certains savants ont essayé de présenter quelques signes qui pourraient éventuellement permettre de distinguer le châtiment divin de l'épreuve ayant une dimension de miséricorde.

Ainsi, selon Cheikh Achraf Ali Thâwi r.a., si à la suite d'une difficulté, l'être humain prend conscience de ses mauvaises actions et sa volonté de demander le pardon divin et de se repentir prend de l'ampleur, cela est un signe que cette difficulté n'est pas un châtiment mais une miséricorde. Par contre, si les difficultés ne provoquent aucune réaction de la sorte, et ont, au contraire, pour effet de créer le désespoir chez la personne éprouvée et la pousser encore plus à persister dans le mal et le péché, cela est un signe que ces difficultés et ces maux renferment plutôt une dimension de châtiment.


(Réf: "Maârif oul Qour'aane" - Volume 6 / Page 757)

Wa Allâhou A'lam !

Et Dieu est Plus Savant !

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