31 janvier 2011

Miroir de l'Univers

Pour le cœur et la conscience musulmane, le Coran est le miroir de l'Univers. Ce qui fut traduit par « verset » par les premiers traducteurs occidentaux, se référant au vocabulaire biblique, signifie en arabe, littéralement, « signe » (âyah). Ainsi le Livre révélé, le Texte écrit, est constitué de signes (âyât) de la même façon que l'Univers, à l'image d'un Texte devant nos yeux déployés, est foisonnant de ces mêmes signes (âyât). Lorsque c'est l'intelligence du cœur qui lit le Coran et le monde, et non la seule intelligence analytique, alors les deux Livres se parlent, se font écho, et chacun d'eux parle de l'autre et de l'Unique. Les signes rappellent le Sens... de naître, de vivre, de sentir, de penser et de mourir. Mais l'écho est plus profond encore et appelle l'intelligence humaine à la compréhension de la Révélation, de la Création et de leur harmonie. Comme l'Univers possède ses lois fondamentales et son ordre régulé (an-sunan al-Kawniyya) que l'être humain doit respecter lorsqu'il agit sur son environnement (quel que soit le lieu où il se trouve) ; de la même façon le Coran stipule des lois, un code moral et une pratique que la musulmane et le musulman doivent respecter quels que soient l'époque ou l'environnement.Ce sont les invariants de l'Univers et du Coran. Les 'ulama' utilisent le terme « qat'y » (définitif, non sujet à interprétation) lorsqu'ils se réfèrent à des versets coraniques (ou à des traditions prophétiques authentifiées, ahâdîth) dont l'énoncé est clair, explicite et n'offre aucune latitude à une interprétation figurative. De la même façon la Création s'appuie sur des lois universelles que l'on ne peut négliger pour vivre. La conscience croyante aborde les cinq piliers de l'islam comme la loi de la gravitation : ils sont une réalité au-delà de l'espace et du temps, hier comme aujourd'hui, ici ou là-bas. Mais comme l'Univers est en constant mouvement, riche d'une infinie diversité d'espèces, d'êtres, de civilisations, de cultures et de sociétés ; de même le Coran, par la latitude d'interprétation offerte par la majorité des versets, par le caractère général des principes d'actions qu'il édicte quant aux affaires sociales, par les silences qui le traversent (mettant en avant le principe premier de la permission dans l'ordre de l'agir humain) ; de même, disions-nous le Coran, permet à l'intelligence humaine d'appréhender les évolutions de l'Histoire, la pluralité des langues et des cultures et de s'inscrire ainsi dans les sinuosités du temps et les paysages de l'espace. Entre l'Univers et le Coran, entre ces deux réalités, entre ces deux Textes, l'intelligence humaine doit apprendre à distinguer les lois fondamentales et universelles (ath-thawâbit) des règles et des modèles circonstanciels et historiques (al-mutaghayyirât). Elle doit faire preuve d'humilité devant l'ordre, la beauté et l'harmonie de la Création et de la Révélation, en même temps qu'elle doit gérer avec responsabilité et créativité ses propres réalisations ou interprétations productrices d'extraordinaires réussites mais aussi d'injustices, de guerres ou de désordres. Entre le texte et le contexte, l'intelligence du cœur et l'intelligence analytique déterminent des normes, reconnaissent une éthique, produisent du savoir, nourrissent la conscience et développent l'entreprise et la créativité dans tous les domaines de l'action humaine. Ainsi, loin d'être une prison ou un carcan, la Révélation est une invitation faite à l'Homme de renouer avec son être le plus profond pour y retrouver tout à la fois la reconnaissance de ses limites et l'extraordinaire potentiel de son intelligence et de son imagination : se soumettre à l'ordre du Juste et de Son éternité et se savoir libre et autorisé à réformer les injustices au cœur des ordres ou des désordres de l'humaine temporalité.Le Coran est un Livre pour le cœur autant que pour l'intelligence. Dans sa proximité, la femme ou l'homme qui possède une étincelle de foi sait son chemin et ses insuffisances. Nul besoin d'un Shaykh, d'un savant ou même d'un confident ; au fond le cœur sait... le cœur sait déjà. Tel était le sens de la réponse du Prophète (BSL) lorsqu'il fut questionné sur le sentiment moral. A la lumière du Livre, il avait répondu : « Interroge ton cœur ». Et si d'aventure, l'intelligence devait se lancer dans les méandres complexes des différents niveaux de lecture, de l'éthique appliquée aux règles de la pratique, alors il ne faut jamais oublier de s'habiller de cette pudeur intellectuelle qui seule révèle les secrets du Texte... car « ce ne sont pas les yeux qui sont aveugles, mais les cœurs, à l'intérieur des poitrines ». Ce cœur, humble et éveillé, est le fidèle ami du Coran.

http://seconde-minute2.blogspot.com/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire