20 octobre 2008

INSPIRATION DE L'ÉCRITURE Part1



L'inspiration de tous les livres de l'Ecriture n'est pas soutenable, pas plus que l'inspiration littérale de chacun des faits qui y sont racontés. Je prouverai cela par plusieurs arguments:

1)
Les nombreuses contradictions, qui embarrassent si souvent les interprètes, et dont on tâche de se débarrasser, tantôt en les mettant sur le compte des copistes, tantôt en forçant le sens des mots, contradictions dont nous en avons donné plus de cent exemples , ne sont, certainement pas, une preuve de l'inspiration divine.

2) Les nombreuses erreurs de fait qui se trouvent dans l'Ecriture sont incontestables. Nous en avons indiqué plus de cent ; et les écrits inspirés sont bien loin d'admettre de si grandes différences dans les mots, et des contradictions dans le sens.

3) On trouve dans l'Ecriture des altérations volontaires, qu'on ne saurait assurément considérer comme inspirée.

4) Le livre de Baruch, celui de Tobie, de Judith, de la Sagesse, l'Ecclésiastique, le 1er et le 2ème livre des Macchabées, dix versets du 10e chap. d'Esther, et six chaps. (XI. XVI.) du même livre, le chant des Trois Enfants dans le 3ème chap. de Daniel, les chaps. XIII et XIV. du même livre, sont

. considérés par les Catholiques comme faisant partie de l'Ancien Testament.
. Les Protestants ont, cependant, établi d'une manière indiscutable que ces livres ne sont pas authentiques
.
; les Juifs refusent, de même, de les reconnaître.

Le 3e livre d'Esdras

fait partie du canon dans l'Eglise Grecque
les Catholiques et les Protestants aient prouvé qu'il n'a aucun caractère d'authenticité.

Le livre des Juges ne serait pas inspiré, non plus, à en croire ceux qui attribuent la composition de cet ouvrage à Phinéas, et ceux qui l'attribuent à Ezéchiel.

D'après ceux qui attribuent "Ruth" à Ezéchiel, ce livre aussi ne serait pas inspiré.

Le livre de Néhémie, d'après l'opinion générale, n'est pas inspiré surtout les 26 premiers versets du chap. XII.

Le livre de Job n'est pas non plus inspiré, selon Maimonide, le Clerc, Michaëlis, Semler, l'Evêque Stock, Théodore, et le grand fondateur de la secte protestante, Luther ; il ne peut pas l'être non plus selon ceux qui l'attribuent à Elihu, ou à un de ses descendants.

Les chaps. XXX. et XXXI. des Proverbes de Salomon ne sont pas reconnus comme inspirés ; l'Ecclésiaste ne l'est pas non plus selon les Talmudistes : les mêmes doutes existent à l'égard du Cantique des Cantiques d'après Théodore, le père Simon, le Clerc, Whiston, Semler, et Castalio. Le savant Stahelin rejette 27 chapitres d'Isaïe.

L'Evangile de Matthieu n'est pas d'inspiration divine, vu qu'il a été établi que l'original, perdu depuis un temps immémorial, était en hébreu, et que celui que nous possédons maintenant n'est qu'une traduction dont on ignore l'auteur.

L'Evangile de Jean
est apocryphe aussi, selon Stahelin et Bretschneider. Grotius refuse d'admettre l'authenticité du dernier chapitre de cet Evangile. Toutes les Epître de Pierre, l'Epître de Jude, celle de Jacques, la 2ème et la 3ème de Jean, et l'Apocalypse de Jean. donnent lieu aux même objections, ainsi que nous l'avons déjà vu au chap. II de ce livre.

5) Horne dit dans son Introduction (éd. de l 822, vol. I p. 13 l ) . "En admettant que quelques livres des prophètes ont été perdus, il faudra admettre que ces livres n'étaient pas inspirés. Augustin a montré cela par des arguments très sérieux. "Il y a une foule de faits", dit-il, "dans l'histoire des rois de Juda et d'Israël, pour lesquels on nous renvoie à des écrits de prophètes qui ne se trouvent point dans le canon reconnu par l'Eglise". Il ne peut donner de ce fait d'autre explication, que celle-ci : les écrits des prophètes se divisent en deux parties, dont une dogmatique, écrite par inspiration divine. et une autre historique, non inspirée".

Le même auteur dit (vol. I. p. 133), en parlant de la perte du livre "Des guerres
du Seigneur", dont il est fait mention dans les Nombres (XXI. 14 ) . "Ce livre qu'on croit perdu, est, d'après le savant Dr.Lightfoot, un ouvrage composé par Moïse, après qu'il eut défait les Amalécites, pour l'instruction de Josué. Ce livre contenait une exposition historique de la guerre et des instructions sur les mesures à adopter à l'avenir, et ne pouvait pas faire partie du canon, n'étant qu'un ouvrage de circonstance, nullement inspiré". Dans la note (II.) de l'appendice au 1er vol. Horne ajoute : "Quand on dit que les Ecritures sont d'inspiration divine, nous ne devons pas entendre que le Tout-Puissant a suggéré chaque mot, ou dicté chaque expression. De la diversité des styles dont ces livres sont écrits, et de la différente manière dont les mêmes faits sont racontés ou prédits par les différents auteurs, il paraît que les écrivains sacrés avaient le pouvoir d'écrire chacun selon son tempérament, sa capacité, et ses habitudes". Il ajoute que ces écrivains ne recevaient l'inspiration divine que quand il était nécessaire, et qu'il y a plusieurs sortes et plusieurs degrés d'inspiration.

6) Dans le dernier volume du Commentaire de Henry et Scott on lit ce qui suit, pris de l'ouvrage d'Alexander sur le Canon : "Il n'est point nécessaire d'admettre que tout ce qu'un prophète a écrit soit révélé ou canonique. Le fait que Salomon a écrit un livre canonique ne prouve pas que toutes les autres compositions du même auteur ont ce caractère. Il ne faut pas oublier que les Prophètes et les Apôtres ne recevaient l'inspiration divine que dans des occasions spéciales et pour des sujets particuliers". L'ouvrage d'Alexander est très estimé chez les Protestants.

7) Je lis dans la "Cyclopédia Britannica", ouvrage auquel ont collaboré les savant anglais les plus distingués (vol. XI. p. 274) : "On a longuement discuté cette question de l'inspiration littérale de l'Ecriture. Jérome, Grotius, Erasme, Procope, et une foule de théologiens récents se sont prononcés contre la doctrine de l'inspiration littérale". On lit dans un autre endroit du même ouvrage (vol. XIX. p. 20) : "Ceux qui soutiennent la théorie de l'inspiration littérale doivent rencontrer de grandes difficultés dans la démonstration pratique". Il y est dit aussi : "Si l'on nous demandait . Quelles sont les parties de l'Ecriture que nous admettez comme inspirées ? nous répondrions : Nous ne saurions nous refuser à reconnaître l'Inspiration de tous les livres et de tous les passages qui établissent un point quelconque du dogme ; quant aux circonstances particulières, les Apôtres ont pu les retenir sans besoin de révélation".

8) On lit dans la "Rees Cyclopedia", ouvrage publié par le Dr Rees et par plusieurs autres savants anglais, et qui jouit d'une grande autorité (vol. XIV ) : "On a soutenu que l'inspiration de l'Ecriture s'accorde difficilement avec les erreurs qu'on y trouve. et avec la conduite des personnages auxquels on en attribue la rédaction. comparez., par exemple, les versets 19 et 20 du chap. X. de Matthieu, et Marc XIII. 11 , avec les Actes des Apôtres XIII. 1 -6.

On a dit aussi que les Apôtres ne se regardaient pas, les uns les autres. comme des hommes inspirés, ainsi qu'on le voit par leur discussions au concile de Jérusalem, et par la conduite de Paul à l'égard de Pierre. On a dit aussi que les premiers Chrétiens ne regardaient pas les Apôtres comme impeccables (Actes des Apôtres, XI. 2. 3, XXI. 20-24). On a dit aussi que Saint Paul, qui ne se regardait inférieur en rien aux plus excellents Apôtres (2 Cor. XI. 5, XII. 5), ne se considérait pas pour cela toujours comme inspiré ( 1 Cor. VII 10, 12, 25, 40 ; 1 Cor XI. 17 ; 2 Cor.). D'ailleurs, les Apôtres ne disent jamais qu'ils vont parler au nom de Dieu. Michaëlis a apprécié les arguments des deux partis avec le calme et l'impartialité qui sont indispensables dans un sujet aussi grave, et il est d'avis que dans les Epîtres, l'inspiration est certainement utile, mais que. dans la partie historique, comme les Evangiles et les Actes, le défaut d'inspiration n'est pas nuisible et peut même être de quelque utilité.

Les véritables preuves de la foi chrétienne sont la mort du Christ, sa résurrection, et ses miracles, attestés par les Evangélistes, considérés comme historiens. Leur témoignage en pareille matière, doit avoir la même valeur que tout autre, car dire que les faits racontés dans les évangiles son vrais parce qu'ils sont écrits sous l'inspiration divine, est une pétition de principe ; l'inspiration dépend, en effet, de la vérité de ces faits ; ainsi le témoignage des Evangélistes doit être accepté. en lui-même, et indépendamment de leur inspiration. M. Cardwell dans son traité sur l'inspiration de l'Ecriture. adopte les vues de Michaëlis. Quant aux livres attribués aux disciples des Apôtres, tels que l'Evangile de Marc, celui de Luc, et les Actes, Michaëlis hésite fort à les considérer comme inspirés".

9) Waston dit, d'après Benson, dans le 4e volume de son traité de l'inspiration des Ecritures, que l'Evangile de Luc n'est pas inspiré. Il cite à l'appui de cela le commencement de cet Evangile (vers. 1 -4) : "Plusieurs ayant entrepris d'écrire l'histoire des choses dont la vérité a été connue parmi nous avec une entière certitude, selon que nous les ont apprises ceux qui les ont vues eux-mêmes dès le commencement. et qui ont été les ministres de la parole. j'ai cru aussi, très excellent Théophile, que je devais te les écrire par ordre, après m'en être exactement informé dès leur origine ; afin que tu reconnaisses la certitude des choses dont tu as été instruit". Tel est aussi le sentiment des premiers Chrétiens.

Irénée dit que Luc nous a transmis ce qu'il avait appris des Apôtres ; Jérôme dit que Luc tient ses renseignements non seulement de Paul, qui n'a pas connu personnellement le Christ, mais aussi des Apôtres. Watson ajoute (loc. cit) : "En matière de foi, et lorsqu'ils énonçaient un point du dogme, les Apôtres avaient certainement le secours de l'inspiration. Mais dans tout le reste, ils étaient comme les autres hommes, parlaient et écrivaient d'après leurs jugements personnels et sans le secours de l'inspiration. Dans la vie ordinaire, ils agissaient selon leurs lumières, et ne suivaient aucune inspiration en parlant ni en écrivant.

Ainsi Paul a pu écrire à Timothée sans aucune inspiration : 'Ne continue pas à ne boire que de l'eau ; mais use d'un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions' ( I Tim. V. 23) ; et au même, 'Quand tu viendras, apporte avec toi le manteau que j'ai laissé à Troas chez Carpus, et les livres, et surtout les parchemins' (2 Tim. IV. 13 ) . De même il a pu écrire à Philémon : « Prépare moi un logis » (Phil. 22) ; et à Timothée, 'Eraste est resté à Corinthe, et j'ai laissé Trophine malade à Milet'. Ces circonstances ne me regardent pas, ce sont des détails particuliers de la vie de St. Paul. Dans la 1 ère aux Corinthiens (VII. 101 il dit : « Quand à ceux qui sont mariés, je leur ordonne, non pas moi, mais le Seigneur » et dans le même chapitre (25), 'Pour ce qui est des vierges, je n'ai point reçu de commandement du Seigneur, mais je vous donne un conseil'...

Dans les Actes (XVI. 6) on lit ces mots : 'Puis ayant traversé la Phrygie de la Galatie, le St.-Esprit leur défendit d'annoncer la parole en Asie. Mais (ajoute le ver. 7), étant venus en Mysie, ils se disposaient à aller en Bythinie, mais l'Esprit ne le leur permit pas'. Il ressort de tout cela que les Apôtres se guidaient généralement d'après leurs lumières personnelles, et que dans des circonstances spéciales, intéressant la foi, ils recevaient le secours du Saint-Esprit. Voilà pourquoi dans leur vie particulière, on voit les Apôtres se tromper comme les autres hommes (Actes XXIII. 3-5 ; Rom. XV. 24, 28 ; 1 cor. XVI. 5-8 ; 2 cor . XI. 15- 18)". Je lis, aussi, dans l'encyclopédie de Rees déjà citée, ce qui suit (vol. XIX.) : "Les vues du Dr. Benson au sujet de l'inspiration sont aussi claires que justes à première vue, mais on ne tarde pas à voir combien elles sont peu fondées dès qu'on les met à l'essai".

10) Beausobre et L'Enfant disent : "L'Esprit-Saint, par l'enseignement duquel les Evangélistes et les Apôtres ont écrit, ne leur prescrivait pas les mots mêmes qu'ils avaient à dire, mais leur en donnait le sens général, pour les préserver de l'erreur. De même que nous trouvons, dans les différentes parties de l'Ancien Testament, des différences qui résultent du caractère personnel et de l'éducation des rédacteurs, de même il n'est pas difficile de trouver des différences entre le style de Luc, celui de Matthieu, et celui de Marc, de Jean, de Paul". Si l'Esprit avait révélé les expressions mêmes dont ils se servent, il serait impossible d'y trouver la moindre différence, et tous les Livres Saints seraient écrits, précisément dans le même style. De plus, dans la partie historique, celle où les écrivains rapportent ce qu'ils ont vu et entendu, il n'est pas besoin de révélation.

Ainsi, Luc nous dit qu'il nous racontera ce qu'il a appris des personnes mêmes qui ont vu tous les faits dont il va parler, et qu'il s'en est exactement informé dès leur origine. Il ne nous dit pas, qu'il va nous retracer l'histoire qui lui a été révélée par l'Esprit, et en effet il n'y avait pas de nécessité qu'il en fût ainsi". J'ajouterai que Beausobre et L'Enfant jouissent d'une grande autorité parmi les savants Protestants au témoignage de Horne et de Watson .




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