20 octobre 2008
INSPIRATION DE L'ÉCRITURE Part 3
15) Dans son ouvrage. le dit Thomas Ward expose l'opinion des principaux théologiens protestants en désignant les sources où il a puisé. J'en rapporterai ici quelques-unes.
1) Zuingle et plusieurs autres docteurs protestants affirment que "tout ce qui est dans les Epîtres de St. Paul n'est pas sacré, et que, dans les détails, il s'est trompé".
2) M. Fulk accuse Pierre d'erreur et d'ignorance de l'Evangile.
3) Le Dr. Goad a dit, dans sa polémique avec le père Campion, que Pierre a erré dans la foi, et cela après la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.
4) Brentius dit que Pierre et Barnabas, ainsi que l'Eglise de Jérusalem, ont erré après la descente du Saint-Esprit.
5) Jean Calvin affirme que "Pierre a ajouté au schisme de l'Eglise, au détriment de la liberté chrétienne et à l'anéantissement de la grâce du Christ".
6) Les Magdébourgiens suivent l'exemple de Luther en accusant d'erreur les Apôtres, particulièrement St. Paul "par la persuasion de Jacques".
7) Whitaker dit : "Il est évident que, même après l'ascension du Christ et la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, l'Eglise entière, non le commun des Chrétiens, mais aussi les Apôtres eux-mêmes, errèrent dans la vocation des gentils ; oui, Pierre aussi a erré ; il a erré, en outre, les convenances, et ceux-ci étaient de grands disciples de Calvin . "Si Paul venait prêcher à Genève à la même heure que Calvin, nous quitterons Paul et irions entendre Calvin". Lavater dit que "quelques-uns des disciples de Luther, et non les moindres parmi leurs docteurs, disaient qu'ils mettraient en doute la doctrine de Paul, plutôt que la doctrine de Luther ou la Confession d'Augsbourg". Telles sont les opinions des plus réputés parmi les savants protestants ; comme on le voit, tous s'accordent en ceci, que toutes les paroles du Nouveau Testament ne sont pas d'inspiration divine, et que les Apôtres ont été sujet à erreur.
16) Norton rapporte dans la préface de son ouvrage (déjà cité) ce passage d'Eichhorn : "si nous ne voulons pas être influencés par des contes oiseaux et par une tradition sans appui, mais par la seule et certaine évidence de l'histoire, nous devons conclure que, avant nos Evangile actuels, d'autres Evangiles, décidément différents, étaient en circulation et servaient à l'instruction des Chrétiens". Il suppose, ajoute Norton, que ces Evangiles primitifs et nos trois premiers Evangiles, c'est-à-dire, ceux de Matthieu, de Marc, et de Luc, ont tous eu une origine commune, et il donne les détails suivants sur la manière dont il conçoit que ces Evangiles ont été formés.
Il suppose qu'il y avait dès les premiers temps une courte esquisse historique de la vie de Jésus, qu'on peut appeler l'Evangile Original Cet écrit était probablement destiné à l'usage de ceux-là, parmi les assistants des Apôtres dans l'œuvre de l'enseignement du Christianisme, qui n'avaient pas, eux-mêmes, vu les œuvres et entendu les discours du Christ. Ce n'était, cependant, qu'une "esquisse informe", un récit succinct et imparfait, sans plan historique, ni méthode dans la disposition des faits. Sous ce rapport il était, d'après Eichhom, bien différent de nos quatre Evangiles actuels. "Ceux-ci", dit-il, "ne sont pas une esquisse informe comme doit l'avoir été le premier essai sur la vie de Jésus, mais il sont, au contraire, des ouvrages écrits avec art et avec soin, et contiennent des parties de sa vie, dont aucune mention n'avait été faite lors de la première prédication du Christianisme".
Cet Evangile Original a servi de base à la fois, aux Evangiles primitifs. dont on se servait pendant les deux premiers siècles, et à nos trois premiers Evangiles actuels qui, avec l'Evangiles primitifs doivent avoir plus ou moins retenu quelque chose de la rudesse et de l'imperfection et insuffisance de l'Evangile Original. Mais bientôt ils tombèrent entre les mains de personnes qui entreprirent d'en corriger les défauts et d'en remplir les lacunes, sous le double rapport du cadre général historique et de l'exposition des faits particuliers. Non contentes d'une vie de Jésus qui, comme l'Evangile des Hébreux et ceux de Marcion et de Tatien, commençaient à sa prédication, quelques personnes ont, dès les premiers temps, mis à la tête des Mémoires dont se servait Justin le Martyr, et de l'Evangile de Cérinthe, une histoire de sa généalogie, de sa nativité, et de la période de sa jeunesse.
C'est ainsi qu'en comparant entre eux, dans les passages parallèles, les fragments qui nous restent de ces Evangiles, nous trouvons qu'ils recevaient des additions continuelles. La voix du Ciel, entendue lors du baptême de Jésus, était, dit-on, à l'origine : « Tu es mon fils aujourd'hui je t'ai engendré » ainsi qu'elle est citée deux fois par Justin le Martyr. Clément D'Alaxandrie a trouvé ces mêmes paroles dans un Evangile, au sujet du quel nous n'avons aucun renseignement, mais augmentées du mot "bien-aimé'-. « Tu est mon fils bien-aimé aujourd'hui » . D'autres Evangiles portaient : « Tu es mon fils bien-aimé en qui j'ai trouvé mon plaisir », comme elles se trouvent dans les Evangiles catholiques c'est-à-dire, dans Marc I 11.
Dans l'Evangile des Ebionites, selon Epiphane, les deux versions sont réunies ainsi : « tu es mon fils bien-aimé en toi j'ai trouvé mon plaisir puis aujourd'hui je t'ai engendré ». Par ces continuelles acquisitions, le texte original de la vie de Jésus se perdit dans une masse d'additions, tellement que ses paroles ne furent plus, parmi ces additions, que comme des passages isolés. Sur ce fait, toute personne peut satisfaire sa curiosité par le récit du baptême de Jésus, qui est rédigé d'après différents Evangiles. La conséquence nécessaire de cet état des choses, fut que la vérité et le mensonge, les récits authentiques et les récits fabuleux, du moins ceux qui, à travers une longue tradition ont été défigurés ou falsifiés, furent confusément réunis ensemble. Plus ces récits passaient de bouche en bouche, plus ils se défiguraient et devenaient incertains. Enfin dans les dernières années du 2ème siècle, et les premières du troisième, l'Eglise, dans le but de conserver, autant que faire se pouvait, les récits authentiques sur la vie de Jésus, et de les transmettre à la postérité aussi exempts d'erreur que possible, choisit, parmi les nombreux évangiles qui existaient alors, quatre, qui offraient les plus grands indices de crédibilité, et étaient assez complets pour suffire à l'usage de la Chrétienté.
Il n'y a pas de traces de nos Evangiles actuels de Matthieu, de Marc, et de Luc, avant la fin du deuxième siècle et le commencement du troisième. Irénée, vers l'an 202, est le premier qui ait parlé d'une manière positive de quatre évangiles, et il imagine toutes sortes de raisons pour justifier ce nombre , et Clément d'Alexandrie, vers 216, s'efforça de réunir plusieurs données, concernant l'origine de ces quatre Evangiles, afin de prouver qu'eux seuls levaient être reconnus comme authentiques. Par ces faits, il devient évident que c'était vers la fin du 2ème siècle et le commencement du troisième que l'Eglise s'efforça, pour la première fois, d'établir l'autorité universelle de ces quatre Evangiles, - qui existaient avant, si non tout à fait dans leur forme actuelle, toutefois, sous plusieurs rapports, tels que nous les possédons, - et le les faire accepter par toute la Chrétienté à l'exclusion de tous les autres évangiles qui existaient à cette époque.
L'Eglise aurait rendu un bien plus rand service à la postérité si, avec l'Evangile de Jean, elle eût confirmé, par autorité publique, seulement l'informe esquisse primitive de la vie de Jésus, qui avait été donnée aux premiers missionnaires à l'appui de leurs prédications, après l'avoir débarrassée de toute la matière étrangère qui y avait té ajoutée. Mais une telle opération n'était plus possible, attendu qu'il , existait pas de copie exempte de toute addition. et l'opération critique de séparer cette matière étrangère était trop difficile pour ces temps. Eichhorn joute dans une note, continue Norton : "Plusieurs écrivains ecclésiastiques avaient des doutes sur l'authenticité de quelques parties de nos évangiles, mais le manque d'habilité critique les a empêchés de venir à une décision " . Il faut remarquer, cependant, que le seul écrivain ecclésiastique qu'il (Eichhorn) cite l'appui de cette assertion est Faustus, le Manichéen bien connu du 4° siècle.
En traitant des additions et altérations continuelles, qu'il suppose avoir été faites au texte de l'Evangile Original avant qu'il pût prendre la forme où l'ont trouvé les trois premiers Evangélistes, Eichhorn dit : "Cette manière arbitraire de traiter les écrits d'autrui, de sorte qu'ils pussent entrer dans la circulation ainsi altérés. est , de nos jours. chose inouïe et impossible, parce qu'elle est empêchée par le grand nombre des copies imprimées ; mais, ajoute-t-il, c'était différent avant l'invention de l'imprimerie. En copiant un manuscrit, les altérations les plus arbitraires étaient considérés comme permises, du moment qu'elles n'affectaient qu'une propriété particulière.
Mais ces manuscrits altérés étant recopiés, sans que le copiste se donnât la peine de s'assurer si l'exemplaire qu'il copiait contenait le vrai texte de l'auteur, des copies corrompues ont pu ainsi entrer inaperçues dans la circulation. N'a-t-on pas souvent remarqué, par les chroniques du Moyen Age, dont il existe plusieurs manuscrits, que ces manuscrits s'accordent à vous présenter le même texte, ou également copieux, ou également bref ? Que de plaintes ne lisons-nous pas, dans les pères des premiers siècles, contre les altérations arbitraires que faisaient, dans leurs écrits publiés peu de temps avant, les possesseurs, ou les copistes des manuscrits .
A peine quelques copies des Lettres de Dionysius de Corinthe furent-elles mises en circulation que des Apôtres de Satan, comme il le dit lui-même, les remplirent d'ivraie par la suppression de certaines choses et l'addition d'autres ' et les Saintes-Ecritures, elles-mêmes, d'après son propre témoignage, n'ont pas pu échapper à ce sort. Si les copistes ne s'étaient pas permis de faire, dans les écrits d'autrui, les altérations les plus arbitraires, aurait-il été aussi habituel que nous le voyons, chez les auteurs de ces temps, d'adjurer les lecteurs, à la fin de leurs écrits, de n'y point faire des changements, et d'énoncer les plus terribles anathèmes contre ceux qui les feraient ? Les histoires de Jésus doivent, elles aussi, avoir subi le même traitement.
Celsus ne reproche-t-il pas aux Chrétiens d'avoir changé les Evangiles trois, quatre fois, et même davantage ? D'où vient-il, si ce n'est de cette cause, que nous trouvons encore des fragments des Evangiles apocryphes, où tous les récits, concernants certaines périodes de la vie de Jésus, et qui ailleurs se trouvent éparpillés dans différents Evangiles, sont mis ensemble, combinés en un seul tout ? L'Evangile apocryphe des Ebionites, cité par Epiphane, a réuni ensemble tous les détails relatifs au baptême de Jésus, qui se trouvent épars dans nos trois premiers Evangiles, et dans les Mémoires des Apôtres dont a fait l'histoire de nos Evangiles catholiques, remarque-t-il (Eichhorn) ailleurs, ajoute encore Norton, nous voyons des hommes. sans aucune connaissance critique, occupés à altérer leur texte, tantôt en l'abrégeant, tantôt en l'étendant, ou en y substituant, l'un à l'autre, des termes synonymes.
Est-ce chose à s'en étonner ? Depuis la première existence d'histoire écrites de Jésus, il était d'usage, chez les possesseurs de manuscrits, de faire des altérations dans le texte suivant les notions particulières qu'ils avaient de sa prédication, de ces œuvres et des divers événements de sa vie. C' est ainsi que la seconde et la troisième génération n'ont fait que continuer, à l'égard des Evangiles, une pratique que la première avait commencée. Cette pratique était si généralement connue au deuxième siècle, que ceux-là, même, qui n'étaient pas Chrétiens, en avaient eu connaissance.
Celsus reprochait aux Chrétiens d'avoir altéré leurs Evangiles deux, trois fois et même davantage. Clément, aussi, à la fin du deuxième siècle, parle de ceux qui corrompaient les Evangiles, et met à leur charge le fait que, dans Matthieu V. 10. au lieu des mots : « car le royaume des cieux est à eux », on lise dans quelques manuscrits : « car ils seront parfaits ». et dans d'autres : « car ils auront un séjour où ils ne seront point persécutés ».
Ici se termine l'exposé de la théorie d'Eichhom par Norton ; après quoi, ce dernier continue à parler en son nom. "Ces passages", dit-il, "d'Eichhorn ne doivent pas être considérés comme exprimant les opinions personnelles d'un écrivain. Aucun ouvrage, de la même nature que son Introduction au Nouveau Testament. n'a été reçu en Allemagne avec une plus grande approbation ; et ses notions concernant les Evangiles, ou autres écrits du même caractère général, et affectant d'une manière essentielle la croyance en leur authenticité, sont partagées par beaucoup d'écrivains allemands modernes".
Norton, écrivant pour défendre l'authenticité des Evangiles, essaie de réfuter les opinions d'Eichhorn, après l'avoir cité ; avec quel succès il l'a fait, ceux qui ont lu son ouvrage le savent. Malgré cela, il reconnaît lui-même, que sept différents passages des Evangiles sont des interpolations.
1) Il déclare que les deux premiers chapitres de Matthieu ne sont pas de cet Evangéliste.
2) Que l'histoire de Judas Iscariote, dans Matthieu (XXVII. 3-10), est une addition postérieure.
3) Que les versets 52 et 53 du même chapitre sont également des interpolations.
4) Que douze versets du chapitre XVI. de Marc (9-30) sont apocryphes.
5) Que les versets 43 et 44 du chapitre XXII. de Luc sont interpolés.
6) Que ces paroles de Jean (V. 3, 4), "... et qui attendaient le mouvement de l'eau ; car un ange descendit en un certain temps dans le réservoir et en troublait l'eau ; et le premier qui descendait, après que l'eau avait été troublée, était guéri de quelque maladie qu'il fût détenu", ne sont pas de l'Evangéliste.
7) Que les versets 24 et 25 du chapitre xxi. de Jean sont, aussi, interpolés. Tous ces endroits ne sont donc pas inspirés selon ce critique. Il ajoute (p. 61 ) . "Les fictions de la tradition orale se sont mêlées aux miracles rapportés par Luc, l'écrivain les ayant ajoutées par exagération poétique, et il est impossible, en ce moment, de discerner ce qui est authentique et ce qui ne l'est pas".
Comment, des récits qui ont le caractère de l'exagération poétiques seraient il inspirés ? Il résulte, donc, des paroles d'Eichhorn que nous avons rapportées plus haut :
1) Que l'Evangile primitif s'est perdu.
2) Que dans les Evangiles actuels le vrai est mêlé à des traditions apocryphes.
3) Que le texte en a été altéré, et que Celsus reproche aux . leurs Evangiles plus de trois Chrétiens, dès le 2ème siècle, d'avoir déjà change ou quatre fois.
4) Qu'on ne trouve aucune mention de ces trois Evangiles avant la fin du 2ème siècle ou le commencement du 3ème. La théorie d'un Evangile primitif dont le texte se serait perdu, et où Matthieu, Luc, et Marc auraient puisé, a été soutenue aussi par le Clerc, Koppe Michaëlis, Lessing, Niemeyer, et Marsh (cf Horne, vol. IV. p. 295, édit. de 1822). Horne désapprouve les opinions de ces savants, mais sa désapprobation ne nuit pas à notre thèse.
______________________________ La suite
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