22 octobre 2008
QUATRIÈME ALLÉGATION
On nous dit également que les copies de l'Ecriture étaient répandues partout, et qu'il était impossible de les corrompre toutes, de même qu'il serait impossible de corrompre le Coran.
Je dois référer le lecteur à ce que j'ai dit plus haut. Du moment que la corruption des textes de l'Ecriture est chose démontrée et reconnue, il est inutile de discuter sur la possibilité de ce fait. La comparaison de l'Ecriture avec le Coran pèche par la base. L'Ecriture avec le Coran pèche par la base. L'Ecriture n'était pas si répandue avant l'invention de l'imprimerie qu'on ne pût la corrompre. Les Juifs n'ont-ils pas, de l'aveu unanime de tous les savants protestants, corrompu la version grecque, malgré qu'elle fût dans mes mains de tous, et qu'elle fût autrement connue que le texte hébraïque ?
Le Coran, d'autre part, s'est conservé, non seulement dans les copies authentiques, mais dans la mémoire de la plupart des Musulmans à toutes les époques. Il suffit, pour se convaincre de l'exactitude de mes paroles, d'aller dans une mosquée musulmane, dans le Jamêe-el-Azhar du Caire, par exemple, on y trouvera à tout moment de la journée plus de mille personnes , dans qui savent très correctement le Coran tout entier et le récitent par cœur .les plus petits villages de l'Egypte on trouvera un certain nombre de personnes qui peuvent réciter de mémoire tout le Coran. Peut-on trouver en Europe un nombre égal de personnes qui sachent l'Evangile par cœur ? Je suis convaincu qu'on ne trouverait pas dans toute l'Europe un nombre de personnes égal à celui qu'on trouverait dans un seul village de l'Egypte. Nos muletiers sont, à cet égard, plus avancés que leurs évêques et leurs théologiens les plus savants.
Le Prophète Aggée était célèbre parmi les Juifs parce qu'il savait l'Ecriture entière par cœur. Nous pouvons présenter plus de cent mille Musulmans qui se trouvent dans le même cas. C'est encore là un des faits qui constituent la prééminence de l'Islam, et un miracle permanent en faveur de notre Prophète.
Anecdote : Un Lord (ou général) anglais étant entré un jour dans une école de la ville de Sahar Naphur, dans l'Inde, vit des enfants occupés à apprendre le Coran par cœur. Il demanda au précepteur ce qu'était ce livre. Celui-ci lui répondit : "C'est le Coran vénéré". Le Lord demanda si quelqu'un des enfants savait par cœur le Coran tout entier. Le professeur répondit affirmativement en lui en désignant plusieurs. L'Anglais en fut étonné, et demanda qu'on lui présentât un enfant et un Coran pour en faire l'essai. Le précepteur lui dit qu'il n'avait qu'à choisir lui-même, et l'Anglais choisit alors dans le nombre un enfant de 13 à 14 ans, et l'examina sur plusieurs endroits du livre. Lorsqu'il s'assura qu'il savait répéter tout le Coran par cœur, il resta surpris et dit : "J'avoue qu'il n'y a pas de livre qui soit aussi bien conservé que le Coran ; les enfants, eux-mêmes, peuvent le répéter avec une telle exactitude d'orthodoxie qu'on pourrait le transcrire de leur bouche".
Mais je rapporterai quelques faits qui prouvent que l'altération des livres sacrés des Chrétiens n'est pas aussi invraisemblable qu'ils le prétendent :
1) Moise avait écrit une copie du Pentateuque, et l'avait donnée aux docteurs et aux chefs de la nation, en leur recommandant de la conserver dans l'arche de l'alliance, et de la lire au peuple de 7 en 7 ans, le jour de pâques. Cette première génération observa les préceptes de Moïse ; mais depuis, les Hébreux furent en buttes aux péripéties ; et ils continuèrent, tantôt apostats et tantôt repentants, jusqu'au règne de David. Sous ce saint roi, et dans les premières années du règne de Salomon, les enfants d'Israël furent dans de meilleures conditions, et gardèrent la foi de leurs pères ; mais au milieu des péripéties qu'ils avaient traversées, le Pentateuque primitif se perdit ; on ne sait pas précisément le temps où cette perte eut lieu, et tout ce que l'ont sait à cet égard c'est quelle eut lieu avant l'époque de Salomon.
Lorsque ce roi ouvrit l'arche il n'y trouva que les deux tables de la loi, comme il est dit au 1er livre des Rois (VIII.9 ) . "Il n'y avait dans l'arche que les deux tables de pierre que Moïse y avait déposées à Horeb quand l'Eternel traita alliance avec les enfants d'Israël, lorsqu'ils sortirent du pays d'Egypte". Les vicissitudes qui eurent lieu vers la fin du règne de Salomon, et qui sont racontées dans les Ecritures, son apostasie, le culte qu'il rendit, sur l'instigation de ses femmes, aux dieux étrangers, démontrent qu'on n'avait plus aucune foi dans les Ecritures. Après sa mort, le désordre fut au comble, les tribus d'Israël se divisèrent, et le royaume fut partagé en deux. Dix des tribus se constituèrent en un royaume séparé et deux en un autre.
Jéroboam devint roi des dix tribus qui formèrent le royaume d'Israël, et Roboam, fils de Salomon des deux tribus qui s'appelèrent royaume de Juda. L'impiété et l'apostasie furent alors à l'ordre du jour dans les deux royaumes, car Jéroboam apostasia dès son avènement au trône, et fit apostasier les dix tribus avec lui. Ils adorèrent les idoles, et les prêtres qui étaient restés fidèles à l'ancienne foi prirent refuge dans le royaume de Juda. Ces tribus restèrent idolâtres pendant 250 ans, jusqu'à ce que Dieu envoya contre elles les Assyriens qui les asservirent et les dispersèrent, ne laissant qu'un faible reste de population au milieu de laquelle ils établirent des colonies d'idolâtres. Bientôt les étrangers et les habitants primitifs contractèrent des liaisons. Ils s'entremarièrent, et leurs descendants formèrent ceux qu'on appela depuis Samaritains.
Ainsi à partir du règne de Jéroboam jusqu'à la chute du royaume d'Israël, les dix tribus ne paraissent pas s'être souciées des Ecritures, dont l'existence même paraît avoir été parmi elles comme celle du Phénix. Voilà pour ce qui regarde les dix tribus et le royaume d'Israël. Le royaume de Juda eut vingt rois dans les 372 ans qui suivirent la mort de Salomon, et les apostats étaient plus nombreux que le fidèles . L'adoration des idoles pendant le règne de Roboam devint si générale, qu'on en plaça une sous chaque arbre dans le pays ; et au temps d'Ahad, grand sacrificateur, on éleva des autels à Bâal dans tous les coins de Jérusalem. Les portes du Temple furent fermées. Jérusalem et le Temple avaient déjà été saccagés deux fois avant cette époque ; la première par le roi d'Egypte, qui s'empara de tout ce qu'il trouva dans le Temple et dans le palais royal, et la seconde par le roi apostat d'Israël, qui n'épargna non plus ni le Temple ni le palais du roi.
L'idolâtrie fit de si grands progrès sous Manassé, que la plupart des habitants devinrent idolâtres ; Manassé éleva un autel aux idoles, au seuil même du Temple de Dieu ; l'idole qu'il adorait fut mise dans le sanctuaire.
Tel était aussi l'état des choses au temps d'Ammon son fils. Mais Josias, fils d'Ammon, en venant au trône, donna des preuves de sincère repentance, et lui et les principaux personnages de sa cour firent tous leurs efforts pour rétablir le Mosaisme ; cependant aucune mention n'est faite de l'existence de quelques copie de l'Ecriture jusqu'à la 17e année du règne de ce roi ; c'est dans la 18e année de ce règne que le prêtre Hilkija prétendit avoir trouvé dans le Temple un copie du livre de la loi, qu'il donna au scribe Shaphan pour la lire à Josias. Cette lecture fit une telle impression sur le roi, qu'il déchira ses vêtements pour les péchés des Hébreux, comme il est dit au 2 Rois XXII. et 2 Chron. XXIV.
Cependant on ne saurait prêter foi, ni à cette copie, ni à l'assertion de Hilkija, car le Temple avait été pillé deux fois avant l'époque d'Ahad ; ensuite on y avait placé des idoles et les desservants de ces idoles le fréquentaient tous les jours, et pourtant personne n'avait soupçonné l'existence de cette copie jusqu'à la 17ème année du règne de Josias, bien que ce roi, les personnes de sa cour et le peuple fissent tous leurs efforts pour rétablir le culte du vrai Dieu. Les prêtres pénétraient même tous les jours dans le Temple, et il est bien étrange que personne n'y eût découvert l'existence de la prétendue copie.
Cette copie doit donc avoir été une invention de Hilkija, qui, voyant les bonnes dispositions du jeune roi et de son entourage, aurait eu recours à ce moyen pour rétablir le culte Mosaïque ; il doit avoir recueilli les traditions, vraies ou fausses, qui étaient parvenues à sa connaissance, et, pour leur donner du poids, il aura attribué le livre à Moise ; ce qui le prouverait c'est qu'il mit dix-sept ans pour achever ce travail, n'ayant envoyé le livre au roi qu'à la l8e année du règne de ce dernier.
Ces fraudes pieuses étaient reçues parmi les Hébreux des derniers temps et les premiers Chrétiens, comme nous l'avons déjà vu ; mais sans insister davantage sur ce point, je noterai qu'on trouva une copie du Pentateuque pendant la 18ème année de Josias, et qu'elle fut en vigueur pendant les treize années que dura encore le règne de ce roi. Mais Joachaz son successeur apostasia, et fit triompher Infidélité. C'est alors que le roi d'Egypte le détrôna et donna la couronne à son frère, qui fut infidèle à l'égal de ce dernier. A sa mort, son fils lui succéda, et celui-ci fut aussi infidèle que son père et son oncle. Nabuchodonosor le fit prisonnier avec un grand nombre des siens, pilla le Temple et le palais royal, et donna le royaume à son oncle, qui fut apostat comme son neveu.
Je crois par conséquent que la transmission authentique de l'Ecriture était déjà interrompue avant le règne de Josias, et pour moi, la copie trouvée pendant son règne n'a aucune valeur, d'autant plus qu'elle n'a été observée que pendant les treize dernières années du règne de ce roi, et qu'après cette époque on ne sait pas ce qu'elle est devenue. Elle s'est probablement perdue sous les successeurs de Josias avant la conquête de Nabuchodonosor, en supposant qu'elle se soit conservée jusque là ; il est vraisemblable, qu'elle fût détruite lors de l'invasion de la Judée par ce roi.
2) Nabuchodonosor envahit une seconde fois la Judée, à cause de la tyrannie du roi qu'il avait établi ; fit ce roi prisonnier, égorgea ses enfants en sa présence, lui creva les yeux, le mit en chaînes et l'envoya à Babylone. Il brûla le Temple, le palais royal, et détruisit toutes les maisons de Jérusalem, tous les édifices remarquables, tous les palais des grandes ; il fit même démolir les murs de la ville et mena en captivité tout le peuple, ne laissant dans le pays que quelques misérables laboureurs et vignerons. Pendant cette seconde invasion le Pentateuque fut détruit, ainsi, que tous les autres livres du vieux Testament qui avait été composés avant cette époque. Ce fait est admis par les Juifs et les Chrétiens, comme je l'ai déjà dit précédemment.
3) Lorsque Esdras refit, ou recopia le livre de la loi selon ce que l'on prétend, il arriva un autre événement dont il est fait mention au 1er livre des Macchabées dans ces termes : "Lorsque Antiochus conquit le royaume de Jérusalem il fit brûler toutes les copies du livre de la loi qu'il put trouver après les avoir déchirées. Il condamna à la peine de mort tous ceux qu'on trouverait en posséder une copie. Une inspection à cet effet était faite chaque mois, et l'on mettait à mort tous ceux qui l'on trouvait une copie que l'on détruisait en même temps".
Cette persécution eut lieu en 161 avant J.C. et dura trois ans et demi, comme il est dit dans leurs histoires, et comme le déclare aussi l'historien Josèphe ; et pendant ce temps toutes les copies du texte rétabli par Esdras furent détruites, ainsi que je l'ai dit précédemment. John Milner, historien catholique, dit : " Après la restitution du texte par Esdras, les copies en furent de nouveau perdues au temps d'Antiochus". Il ajoute "Rien ne prouverait donc l'authenticité de ces livres si nous n'avions le témoignage de Jésus et des Apôtres". J'ai donné une idée de la valeur de cette preuve ci-dessus.
4) La Judée eut encore à subir d'autres invasions, pendant lesquelles les livres d'Esdras et une foule de copies se perdirent. L'invasion de Titus en 37 A .D. fût surtout terrible. Cet événement est raconté en détail par l'historien Josèphe et par d'autres. Les Juifs perdirent en cette circonstance à Jérusalem et ses environs onze cent mille hommes par la faim, le feu, l'épée et les supplices, et quatre vingt dix-sept mille furent réduits en esclavage et vendus dans différents pays ; des masses innombrables perdirent aussi la vie dans les autres provinces de la Judée.
5) Les premiers Chrétiens ne donnaient aucune importance au texte hébraïque de l'Ancien Testament ; en général ils le considéraient comme altéré, et jusqu'à la fin du 2ème siècle la traduction grecque fut le seul texte adopté. Cette traduction était même admise dans toutes les synagogues juives jusqu'à la fin du 1er siècle. C'est ce qui explique aussi l'extrême rareté des copies du texte hébraïque.
6) Les Juifs détruisirent les copies des livres saints faites aux 7e et 8e siècle parce qu'elles différaient notablement des textes adoptés par eux. C'est pourquoi aucune copie portant cette date n'est parvenue aux exégètes européens. Après la destruction de ces copies, il ne resta que les textes qu'ils avaient admis ; ils eurent donc tout le loisir nécessaire pour les altérer, comme je l'ai déjà fait remarquer.
7) Les premiers Chrétiens ont traversé également des péripéties qui doivent avoir rendu leurs livres extrêmement rares et facilité la corruption des textes. Leurs histoires démontrent que, pendant trois cents ans, ils eurent à souffrir toutes sortes d'adversités et de malheurs dans dix persécutions.
La 1ère sous Néron en 64, où l'Apôtre Paul. Ces massacres eurent lieu à Rome et dans les provinces. Cela dura tant que vécut cet Empereur, et les Chrétiens ne purent professeur ouvertement leur foi sans encourir les plus terrible dangers.
La 2ème sous Domitien, qui, comme Néron, se montra hostile à la religion Chrétienne, et ordonna le supplice de ceux qui professaient cette religion.
La 3ème eut lieu sous Trajan, qui commença l'an 10l et continua pendant dix huit ans. Ignace, évêque de Corinthe, ainsi que Clément, évêque de Rome, et Simon, évêque de Jérusalem, furent du nombre des victimes.
La 4ème eut lieu sous Marc Antonin en 161 , et dura plus de dix ans ; on ne voyait partout que des massacres. Cet Empereur, philosophe célèbre, était un idolâtre fort zélé.
La 5ème persécution eut lieu sous l'Empereur Sévère en 202. Des milliers de gens furent massacrés en Egypte, dans la Gaule et à Carthage ; la violence de cette persécution fut elle, que les Chrétiens curent que l'Antechrist était venu.
La 6ème arriva sous Maximin, dont le règne commença l'an 237 ; cet Empereur fit tuer la plupart des savants, croyant par cela rendre le peuple plus docile. Les Papes Pontien et Anthère furent au nombre des victimes.
La 7ème arriva en 325. L 'Empereur Décius voulant détruire la religion Chrétienne, envoya des édits dans ce sens aux gouverneurs des provinces, et plusieurs Chrétiens apostasièrent. L'Egypte, l'Italie, l'Afrique et l'Orient furent le théâtre de cette persécution.
La 8ème était en 257 ; l'Empereur Valérien fit périr des milliers de Chrétiens, puis il décréta la mort des évêques et des prêtres, la dégradation des patriciens et la confiscation de leurs biens ; la peine de mort était applicable à ceux qui auraient persévéré dans le Christianisme. Les patriciennes devaient être dépouillées de leurs bijoux et bannies, et tous les autres Chrétiens devaient être réduits à l'esclavage ou mis aux fers et condamnés aux travaux publics.
La 9ème eut lieu sous l'Empereur Aurélien en 274. un édit fut rendu contre les Chrétiens, mais l'Empereur fut tué avant que son édit eût pu être mis en entière exécution.
La 10ème enfin eut lieu en 302 ; il eut à cette époque un massacre général, et les villes de Phrygie furent toutes et simultanément brûlées, de sorte qu'il n'y resta plus un seul Chrétien. Or si ces choses sont vraies, comme ils le disent, on ne conçoit pas que le texte des livres sacrés ait pu être conservé. Ils ne pouvaient en multiplier les copies ni les collationner ni les vérifier ; et c'était une excellente opportunité pour ceux qui avaient intérêt à corrompre ces livres. J'ai déjà dit, en répondant à la 1ère allégation, que les Chrétiens du 1er siècle étaient habitués à cette espèce de fraude pieuse.
8) L'Empereur Dioclétien voulut détruire les Ecritures des Chrétiens ; il fit tous ses efforts à cet effet, et en 303 il ordonna la démolition de leurs églises, la destruction par le feu de leurs livres, et défendit l'exercice du culte chrétien. Les églises furent démolies et tous les livres brûlés. Ceux qu'on soupçonna d'en avoir caché des copies, ou qui ne voulurent pas les donner furent mis à la torture. Les réunions religieuses furent défendues comme on peut le voir par les histoires des Chrétiens. Lardner dit (vol. VII. p. 522) :"Dioclétien décréta au mois de Mars de la 19e année de son règne, la démolition des églises et la destruction des Ecritures".
Il ajoute ensuite :"Eusèbe dit avec un profonde douleur qu'il a vu lui-même les églises démolies et les Saintes Ecritures brûlées dans les places publiques". Je ne dis pas que tous les exemplaires des Saintes Ecritures doivent avoir disparu alors de la surface de la terre. mais je dis que, sans aucun doute, les bonnes copies doivent par le fait de cette persécution être devenues extrêmement rares ; un bon nombre des plus correctes et des plus authentiques ayant dû être détruites ; nulle part les Chrétiens et leurs livres saints n'étaient aussi nombreux que dans les villes et les provinces de l'Empire romain, et cette destruction en masse des copies existantes doit avoir ouvert la porte à la forgerie et à la corruption.
Il n'y a même pas à s'étonner que quelques originaux se soient complètement perdus, et qu'on leur ait substitué des copies apocryphes et différentes, substitutions très possibles à cette époque où l'imprimerie n'existait pas encore, comme je l'ai déjà fait remarquer, en prouvant que les copies de l'Ancien Testament, qui différaient du texte hébraïque connu, avaient été détruites tout à fait après le 8ème siècle. Adam Clarke dit, dans la préface de son commentaires : "L'orignal du commentaire de Tatien s'est perdu, celui qu'on lui attribue actuellement est contesté, à juste titre, par les savants". Watson dit, au 3ème volume de ses œuvres : "Le commentaire attribué à Tatien existait du temps de Théodoret ; on le disait dans toutes les églises ; mais Théodoret en détruisit toutes les copies et les fit remplacer par l'Evangile".
On voit donc, par ces citations, que le commentaire de Tatien a pu être totalement détruit par Théodoret, et que les Chrétiens lui en ont substitué un autre. Il n'y a pas de doute que la puissance de l'Empereur Dioclétien était plus grande que celle des Juifs et que celle de Théodoret ; il n'est donc pas invraisemblable que quelques livres du Nouveau Testament se soient perdus pendant les persécutions de cet Empereur et celles de ses prédécesseurs, et que les Chrétiens en aient forgé d'autres pour les remplacer, comme ils ont fait pour le commentaire de Tatien, d'autant plus qu'il était plus important pour eux d'avoir les livres sacrés que d'avoir le commentaire de Tatien, et pour la raison, encore, que dans ces premiers temps, les forgeries et les altérations des livres sacrés étaient considérées comme une pratique louable.
Les événements que nous venons de relater doivent avoir interrompu, chez les Juifs et les Chrétiens, la chaîne des traditions prouvant l'authenticité de leurs livres. J'ai souvent demandé, comme je l'ai déjà dit, à des théologiens distingués, dans les discussions publiques qui eurent lieu entre eux et moi, de produire une suite de traditions formant autorité ; quelques-uns me répondirent que le manque d'une tradition suivie, chez les Chrétiens, devait être attribué aux persécutions aux quelles ils ont été en butte pendant les 313 premières années de leur ère ; j'ai examiné les autorités sur lesquelles ils s'appuient, je n'y ai trouvé que des suppositions et des conjectures, et on m'accordera que cela ne suffit pas pour établir une tradition digne de foi.
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