32ème preuve : On lit dans l'Apocalypse de Jean (. 10 ) . " Et je fus ravi en Esprit, un jour de dimanche, et j'entendis derrière moi une voix éclatante comme le son d'une trompette, qui disait : Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier ; écris ce que tu verras ". Griesbach et Scholtz pensent que les mots "le premier et le dernier" sont interpolés ; ils ont été omis dans plusieurs traductions de la version arabe, imprimée en 1761 et en 1 82l, omet aussi les mots "Alpha et Oméga".
33e preuve : On lit dans les Actes (VIII. 37) : " Et Philippe lui dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela t'est permis. Et l'eunuque répondant, dit : Je crois que Jésus Christ est le Fils de Dieu ". Ce verset est interpolé par les partisans de la Trinité, c'est l'opinion de Griesbach et de Scholtz.
34ème preuve : On lit dans les Actes (IX. 5, 6) : " Et il répondit; Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il te serait dur de regimber contre les aiguillons ; alors, tout tremblant et effrayé, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et entre dans la ville, et là on te dira ce qu'il faut que tu fasses ". D'après Griesbach et Scholtz, ces mots : "Il te serait dur de regimber contre les aiguillons ; alors tout tremblant et effrayé, il dit Seigneur, que veux-tu que je fasse ?" sont interpolés.
35ème preuve : On lit dans les Actes (X. 6) : "Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison près de la mer ; c'est lui qui te dira ce qu'il faut que tu fasses". Cette dernière partie de la phrase, "c'est lui qui te dira", est interpolé selon Griesbach et Scholtz.
36ème preuve : Dans 1 Corinthiens X. 28 il y a : " Mais si quelqu'un vous dit : Cela a été sacrifié aux idoles, n'en mangez point, à cause de celui qui vous en a averti, et à cause de la conscience .. car la terre et tout ce qu'elle contient est au Seigneur ". Cette dernière phrase est interpolée. Horne, après avoir démontré cela ajoute : "Griesbach a omis ces mots dans son texte comme une clause qui devait très indubitablement être éliminée".
37ème preuve : Dans Matthieu (XII. 8) on lit . "Car le Fils de l'Homme est maître même du Sabbat ". Le mot "même" est interpolé. Horne le prouve puis il dit :"Cela est pris de Marc (II. 28) ou de Luc (VI. 5). Griesbach a cru, avec raison, devoir omettre ce mot, comme étant interpolé".
38ème preuve : Dans Matthieu (XII. 35) il y a : " L'homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur..." Les mots " son cœur" sont interpolés. Horne dit (vol. II. p. 330 ) . "On a pris ces mots de Luc (VI. 45)".
39ème preuve : Matthieu (VI. 13) : " Et ne nous abandonne point à la tentation, mais délivre-nous du malin. Car à toi appartient le règne, la puissance, et la gloire à jamais, Amen ". Il y a ici l'interpolation des mot : « Le règne, la gloire et la puissance à jamais » . Les Catholiques romains les rejettent, et on ne les trouve ni dans la Vulgate latine, ni dans la version Catholique anglaise.
Th. Ward dit dans son Errata (p. 18) au sujet de ces mots : "Non seulement Erasme les réprouve, mais Bullinger, lui même, les considèrent comme une simple pièce postiche ajoutée au reste par, il ne sait, qui ; et approuve le jugement d'Erasme condamnant Laurentius Valla pour avoir trouvé une faute à l'édition latine dans l'omission de ces paroles. 'Laurentius Valla', dit-il, 'n'a pas raison de tant s'échauffer comme si une pièce importante avait été retranchée de la prière du Seigneur. C'est plutôt leur témérité qu'on devrait blâmer pour avoir osé attacher leurs bimbelots à la prière du Seigneur"'. Les théologiens protestants eux-mêmes considèrent ces mots comme peu authentiques.
Adam Clarke, bien qu'il ne soit pas lui-même de cet avis, reconnaît cependant que "des critiques éminents, notamment Griesbach et Wetstein, croient ces mots interpolés". On le voit la falsification n'a pas même épargné la prière du Christ qui est dans toutes les bouches !
40ème preuve : Le verset 53 du 7e chap. de Jean et les vers. 1 à 11 du 8e sont interpolés. Horne dit à ce sujet (IV. 310) : "Erasme, Calvin, Bèze, Grotius, Le Clerc, Wetstein, Semler, Schulze, Morus, Haenlein, Paulus, Schmidt, et plusieurs autres mentionnés par Wolfius et par Koecher, n'admettent pas l'authenticité de ces passages". Il ajoute peu après : "Ils ne se trouvent pas dans plusieurs versions anciennes et ils ne sont ni cités ni commentés par Chrysostôme, Théophylacte, Nonnus, qui écrivirent des commentaires ou des expositions de cet Evangile ; ni par Tertullien ou Cyprien, qui ont écrit longuement sur la chasteté et l'adultère, et avaient par conséquent toute l'opportunité de citer ces passages, s'ils avaient existé dans leurs manuscrits". Th. Ward dit (sur l'autorité de Jérôme et d'Hilaire), que quelques anciens écrivains ecclésiastiques révoquaient en doute le commencement du 8e chapitre de Jean. Norton, aussi, est d'avis que ces versets sont interpolés.
41ème preuve : Matthieu (VI. 18) : "... Et ton père, qui te voit dans le secret, te récompensera publiquement ". Le mot publiquement est interpolé. Adam Clarke dit (ad loc ) .. "... Ce mot publiquement. étant , selon toute vraisemblance, interpolé, a été omis par Griesbach, Wetstein, Bengel, et autres".
42ème preuve : Dans Marc (II. 17) on lit les mots "au repentir", qui sont interpolés. Adam Clarke, après avoir dit qu'ils manquent dans plus de 32 manuscrits, dans la version syriaque, la persane, la copte. l'éthiopienne , la gothique. la Vulgate. dans six copies de l'Itala, et qu'ils sont omis par Euthymius et Augustin, ajoute qu'ils ont été omis par Griesbach, Grotius, Mill, et Bengel.
43ème preuve : Les mêmes mots se trouvent dans Matthieu (IX. 13), et ont été omis par les mêmes autorités et par d'autres encore, d'après Adam Clarke.
44ème preuve : Matthieu (XX. 22, 23) : " Mais Jésus répondant leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Et ils lui dirent : Nous le pouvons. Et il leur dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez baptisés du même baptême dont je serais baptisé "...
Les mots "et être baptisés", et les suivants, "et que vous serez baptisés", sont interpolés, et ont été omis par Griesbach dans les deux éditions de son texte. Adam Clarke dit (après avoir donné la liste des autorités MSS. et pères de l'Eglise - qui omettent ces passages) : "D'après les règles posées pour distinguer les vraies leçons des fausses, on ne saurait considérer ces passages comme faisant partie du texte".
45ème preuve : Luc (IX. 55, 56 ) . " Mais Jésus se tournant vers eux les censura et leur dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l'Homme n'est point venu pour faire périr les hommes, mais pour les sauver. Et il s'en allèrent dans un autre bourg ".
Ces mots, "le fils. de l'Homme", sont interpolés de l'aveu d'Adam Clarke, qui dit : "Griesbach a omis ces mots. La leçon originale parait avoir été la suivante : Mais Jésus se tournant vers eux les censura et leur dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Et ils s'en allèrent dans un autre bourg".
Troisième SECTION . - Altérations par Omission
1ère preuve : On lit dans la Genèse (XV. 13) : " Et l'Eternel dit à Abraham : Sache certainement que ta postérité séjournera dans un pays qui ne sera point à elle, qu'elle servira les habitants de ce pays, et y sera affligée pendant 400 ans ".
Cette prédiction et celle du vers. 14, " Je jugerai la nation ", se réfèrent évidemment à l'Egypte. On lit dans l'Exode (XII. 40) : "Or le séjour que firent les enfants d'Israël en Egypte fut de 430 ans ". La différence est claire. On doit donc ou avoir omis le mot trente dans la Genèse, ou l'avoir ajouté dans l'Exode. Mais il y a d'autres raisons qui me prouvent à ne plus en douter qu'il y a erreur dans les deux livres.
1) Moïse, était petit-fils et arrière petit-fils de Lévi, parce qu'il est fils de Josébed fille de Lévi par sa mère, et fils de Amran fils de Kéhath fils de Lévi par son père ; car Amran, père de Moïse, avait épousé sa tante (Exod. VI., Nom. XXVI.) ; Kéhath, aïeul de Moise, était né avant l'arrivée des fils de Jacob en Egypte (Gen. XLVI. 11). Le séjour des Israélites en Egypte ne peut donc pas avoir été de plus de 215 ans.
2) Les théologiens protestants admettent tous, que les enfants d'Israël n'ont demeuré en Egypte que 215 ans (voyez l'ouvrage intitulé guide de ceux qui étudient les Saintes Ecritures, imprimé à Malte en 1840 par les soins de la société Biblique Anglaise).
3) On lit dans l'Epître aux Galates (III. 16, 17) : " Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il ne dit pas et à ses postérités, comme s'il avait parlé de plusieurs ; mais il dit comme parlant d'une seule postérité qui est le Christ. Voici donc ce que je dis : que l'alliance que Dieu a auparavant confirmée en Jésus Christ, n'a pu être annulée, ni la promesse abolie par la loi, qui n'est venue que 430 ans après ". Ces paroles de Paul, bien qu'elles ne soient pas en elles-mêmes exemptes d'erreur, sont contraires à ce qui est dit dans l'Exode. Paul calcule le temps qui s'est écoulé entre Abraham et la promulgation de la loi, et le fixe à 430 sans tenir compte du séjour des Israélites en Egypte, que d'après l'Ecriture, a été de 430 ans. Le 40 e verset de l'Exode (XII.) a été ainsi corrigé dans la samaritaine et dans la version grecque . " Et le temps que les enfants d'Israël, et leurs pères et leurs ancêtres, séjournèrent dans Canaan et dans la terre d'Egypte, fut de 430 ans ".
J'ai souligné les interpolations. Adam Clarke dit (Com. ad. loc. vol. I. p. 369 ) . "Tous les Commentateurs trouvent une grande obscurité dans ce verset". Il y a autre chose que de l'obscurité, il y a une erreur certaine dans ce passage. Le même Commentateur rapporte la leçon samaritaine, et ajoute :"Le Codex Alexandrinus. est ici d'accord avec le texte samaritain ; plusieurs critiques éminents pensent que, pour les cinq livres de Moïse, le samaritain est le texte le plus correct. On sait aussi que le Codex d'Alexandrie est le meilleur et le plus ancien, pour le texte de la version grecque.
On ne saurait, d'autre part. douter de la véridicité de Paul. Le témoignage de ces trois autorités est d'ailleurs confirmé par l'histoire : "En effet, 25 ans se sont écoulés entre l'établissement d'Abraham dans la terre de Canaan et la naissance d'Isaac ; Isaac avait soixante ans lors de la naissance de Jacob, et celui-ci était âgé de cent trente ans lorsqu'il entra en Egypte - total 215 ans. En ajoutant à ce chiffre les 215 ans que les Israélites passèrent en Egypte, on a 430 ans".
Henry et Scott, après avoir dit que les Israélites séjournèrent en Egypte pendant 2 l 5 ans, rapportent la leçon du texte samaritain, et ajoutent ensuite : "Il n'est pas douteux que cette leçon est la vraie, et qu'elle dissipe toutes les difficultés que présente ce passage". On le voit, les critiques Chrétiens ne peuvent se tirer de difficulté qu'en avouant qu'il y a une erreur dans le texte hébraïque.
J'ai dit que les paroles de Paul elles-mêmes n'étaient exemptes d'erreur . en effet Paul, calcule430 ans du pacte d'alliance, qui eut lieu, d'après la Gen. (XVII. 21) un an avant la naissance d'Isaac, à la révélation de la loi dans le troisième mois après la sortie d'Egypte (Ex. XIX.) ; on a, d'après le calcul d'Adam Clarke, un total de 407 ans, et non 430, comme l'a dit Paul. Ici j'ai une remarque à faire. J'ai dit qu'Amaran (ou Amran) avait épousé sa tante. C'est là la vraie leçon qui se trouve sans un grand nombre de versions, entre autres l'anglaise, l'arabe, la persane.
Cependant dans la Bible arabe, imprimée en 1625, le mot tante a été changé en celui de cousine. Cette édition, faite sous le pontificat d'Urbain VIII., avait été corrigée, par un bon nombre de prêtres, de moines et de savants versés dans l'hébreu, l'arabe, et le grec, comme il est dit dans la préface. Il paraît donc que ces messieurs ont corrompu le texte, de propos délibéré, pour dégager du blâme les parents de Moïse, attendu que le Lévitique (XVIII. 12 et XX. 19) défend d'épouser sa propre tante. La même altération se trouve aussi dans l'édition arabe de 1848.
2ème preuve : On lit dans la Genèse (IV. 8) : " Et Caïn parla à Abel, et, quand ils furent dans les champs, Caïn se leva contre Abel et le tua ". La samaritaine, la version grecque, et les anciennes versions disent : " Et Caïn dit à Abel son frère, viens sortons aux champs ". Ce qui n'est pas dans le texte hébraïque. Horne dit (Com. ad loc. vol. I . p. 193) "Ces mots se trouvent dans la samaritaine, dans la version grecque, dans la syriaque et dans la Vulgate de l'édition polyglotte de l'évêque Walton. Kennicott est d'avis qu'il faudrait les insérer dans le texte hébraïque ; et il n'y a pas de doute que ce ne soit la leçon la plus correcte". Il dit aussi (p. 338, vol. I.), après avoir cité la leçon des . "Ici il y a évidemment une lacune dans tous les textes hébraïques septante . tant manuscrits qu'imprimés.
Les auteurs de la traductions Anglaise autorisée n'ayant pas pu découvrir ce qui avait été dit ... se contentèrent de mettre . 'Et Caïn parla à Abel son frère '.
Cette lacune se trouve remplie par les septante que corroborent le texte samaritain, le version syriaque, la Vulgate, les deux Targums (Commentaires) chaldéens, la version d' Aquila, et le passage cité par Philon ... Il n'y a donc point de doute que ces paroles se trouvaient dans le texte primitif.." Adam Clarke (Com. vol. 1. p. 63) dit la même chose que Horne. Ces mots ont été insérés dans la traduction arabe, éd. de 1831 et de 1848.
3ème preuve : On lit dans la Genèse hébraïque (VII. 17) : " Le déluge était depuis 40 jours sur la terre ", dans plusieurs versions latines et dans la version grecque ce passage est ainsi conçu : " Et le déluge était depuis quarante jours et quarante nuit sur la terre. Horne dit (vol. 1.) : "Il faut ajouter les mots et quarante nuits aux texte hébraïque ".
4ème preuve: ( Genèse XXXV. 22) texte hébraïque . " Pendant qu'Israël demeurait dans ce pays. Reuben vint et coucha avec Bilha, concubine de son père. Israël l'apprit..." Henry et Scott disent : "Selon les Rabbins, il manque ici quelques mots dans le texte hébraïque ; la version grecque complète la phrase ainsi « Et ce fut mauvais à ses yeux ". Les docteurs Juifs reconnaissent donc les lacunes dans leur texte ; il n'y a pas à s'étonner ; les gens du livre ne trouvent pas extraordinaire qu'on ait supprimé de leur texte un passage entier, habitués comme ils sont à reconnaître de si fréquentes omissions de lettres et de syllabes.
5 ème preuve : Horsley dit (vol. I. p. 82, ad Gen. XLIV. 5 ) . "Il faut ajouter au commencement de ce verset, d'après la version grecque, les mots suivants : Pourquoi avez-vous volé mon Gobelet ?" De l'aveu, donc, de ce savant, ces mots ont été omis dans le texte hébraïque.
6ème preuve : Genèse L. 25 : "... Vous ramènerez mes ossements d'ici ". La samaritaine et les versions grecque et latine disent : " vous ramènerez mes ossements d'ici avec vous ". Les mots avec vous" manquent dans le texte hébraïque ; Horne le reconnaît et approuve le Dr. Boothroyd de les avoir ajoutés dans sa nouvelle traduction.
7ème preuve : (Exode II. 22) : " Elle lui enfanta un fils et il l'appela Gerson, disant: Moi aussi j'étais hôte dans une terre étrangère ". La version grecque et la latine ajoutent . " Et elle lui enfanta un second fils, et l'appela Eléazar, disant : Parce que Dieu mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon ". Clarke dit (ad. loc.} : "Houbigant a ajouté cette phrase dans sa traduction latine en déclarant que c'est là sa place ; elle ne se trouve, toutefois, dans aucune copie du texte hébraïque, manuscrite ou imprimée, bien qu'elle se trouve dans les traductions anciennes les plus estimées".
8e preuve: ( Exode VI. 20) : "Et elle lui enfanta Aaron et Moïse". La samaritaine et la version grecque disent : Elle lui enfanta Aaron et Moïse et Miriam leur s( pur Adam Clarke dit : "La plupart des critiques les plus estimés pensent que ces mots se trouvaient dans le texte hébraïque, et ont été omis".
9ème preuve : (Nombres X. 6) : " Et quand vous sonnerez la seconde fois d'un son éclatant, les compagnies qui sont campées vers le midi partiront , ..." La version grecque ajoute : " et quand le cor retentira une troisième fois, on lèvera le camp au couchant et à la quatrième fois on lèvera le camp au levant ". Adam Clarke dit (vol. I. p. 663) : "Le texte hébraïque ne dit pas ce qu'on faisait pour les deux autres parties du camps, mais la version grecque complète le sens par ces mots : « Quand le cor retentira une troisième fois » .
10ème preuve : Horsley dit qu'il manque quelque chose dans Juges (XIV. 13, 14), qu'on peut suppléer par la version grecque, ainsi qu'il suit : " et il lui dit : Si tu prends sept cheveux de ma tête et les tresses avec du lin, et m'attaches au clou du mur, je deviendrai comme les autres hommes ; et elle l'endormit, prit sept cheveux de sa tête. les tressa et le garotta ".
11ème preuve : Adam Clarke dit (vol. II. p. 1676) : Dans la version grecque on a omis tout le 3e verset excepté le mot chécania et les versets 4, 5, 6, 9, 37à 41 . La traduction arabe omet les vingt-six premiers versets, et le verset 29.
12ème preuve : (Job XLII. 17) : " Job mourut âgé et rassasié de jours ". La version grecque ajoute : " Et il sera ressuscité de nouveau parmi ceux que ressuscitera le Seigneur " ., suit un aperçu sommaire de la généalogie et de la vie de Job.
Calmet et Herder, admettent l'authenticité de cet aperçu ; il l'était aussi par Philon et par Polyhistor ; il était aussi généralement admis comme authentique du temps d'Origène, et il se trouve dans la version de Théodotion. Il s'ensuit que, d'après la croyance des Chrétiens du temps d'Origène, le texte hébreu était dans cet endroit mutilé. Les critiques Protestants le croient interpolé , donc la version grecque serait, d'après eux, corrompue par interpolation. Horne dit : "Mais il (1' aperçu) est certainement apocryphe, car, non seulement il n'a jamais fait partie d'aucun MS. hébraïque, mais en admettant même qu'il fût antérieur au temps de N. S., il est trop récent pour être admis comme évidence pour un fait d'une antiquité si reculée...". S'il est vrai qu'elle est antérieure au Christ il faut admettre que les Apôtres, et les Chrétiens après eux, ont reconnu pendant quinze cents ans comme parole de Dieu un texte faux, parce qu'ils avaient la version grecque en grande estime, et la considéraient comme correcte, et regardaient le texte hébraïque comme mutilé.
13ème preuve : Au 14e Psaume, on lit, après le 3e verset, dans la Vulgate, dans la version éthiopienne, dans la traduction arabe, et dans le MS. Vatican de la version grecque, les paroles qui suivent : " Leur gosier est un sépulcre ouvert ;avec leurs langues ils disaient le faux ; dans leurs lèvres il y a le venin des aspics ; leur bouche est pleine de blasphèmes et d'amertume ; leurs pieds sont empressés à répandre le sang ; ... La perdition et les infortunes sont dans leurs sentiers, et ils ne connurent pas la voie de la paix ~ la crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux ".
Ces paroles ne se trouvent pas dans le texte hébraïque ; on les lit dans l'épître de Paul aux Romains. De deux choses l'une : ou les juifs ont omis ce passage dans le texte hébraïque, et dans ce cas il y aurait corruption du texte par mutilation ; ou les Chrétiens l'ont ajouté dans leurs versions pour justifier la citation de leur sanctifié Paul, et alors il y aurait interpolation. Adam Clarke dit (ad loc. ) . On trouve après ce verset (sc.le V. 3) dans le Codex Vaticanus, dans la Vulgate, dans la traduction éthiopienne, et dans l'arabe, six autres, que Paul rapporte dans l'Epître aux Romains (III. 13- 1 8)
14ème preuve : Isaïe (XL. 5) : " Et la gloire de l'Eternel se manifestera ; toute chair ensemble (la) verra ; car la bouche de l'Eternel a parlé ". La version grecque dit : " et toute chair verra le salut de notre Dieu, car la bouche de l'Eternel l'a dit ".
Adam Clarke dit (vol. IV. p. 2785) : "Je crois que la leçon grecque est la plus correcte. Le texte hébraïque a dû être mutilé à une époque fort ancienne, avant les versions chaldéenne, latine, et syriaque. Ce passage se trouve dans toutes les copies de la version grecque, et dans Luc chap. III ; cependant je possède un MS. Très ancien dans lequel ce verset manque entièrement". Horne dit la même chose (vol. II. 1ère part. sect. 6). Henry et Scott disent : "Il faut ajouter ici, après le mot 'verra', « le salut de notre Dieu ». Voy. LII. 10, et la version grecque". Le texte hébraïque est donc corrompu de l'aveu de ces savants, et cette omission, d'après Adam Clarke, remonte à une date fort ancienne.
15ème preuve : Adam Clarke dit (ad. Isaïe, LXIV. 5) : "Je crois que le copiste a sauté ici quelques mots. Cette omission doit être fort ancienne, et les interprètes modernes n'ont pas été plus heureux que les anciens dans les efforts qu'ils ont faits pour expliquer ce verset".
16ème preuve : Horne dit (vol. IV. p. 478) : "Dans le 21e chapitre de Luc, on a omis tout un verset, entre le 33e et le 34e. Il faut l'y ajouter, d'après Matthieu XXIX. 36, ou Marc XIII. 32". Il ajoute en note : Aucun commentateur n'avait remarqué cette grave lacune, jusqu'à Hales qui la releva le premier . Voilà donc de l'aveu de Horne, une omission d'un verset entier qu'il faut réintégrer en l'empruntant à Matthieu ou à Marc. Voici ce verset :" Mais quant à ce jour-là et à l'heure, personne n'en a connaissance, pas même les anges des cieux, sinon mon père seul ".
17ème preuve : Actes XVI. 7 . "... mais l'Esprit ne le leur permit pas ". Griesbach et Schultz disent : "Il faut lire ici ... mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas ". Ces mots se trouvent dans la traduction arabe, éd. de 1761 et de 1821.
18ème preuve : L'Evangile qui porte le nom de Matthieu, et qui est le premier en date. n'est pas certainement celui qui a été rédigé par cet Evangéliste. En effet tous les Chrétiens primitifs, disent que l'Evangile original de Matthieu était en hébreu, et qu'il se perdit par le fait de quelques sectes chrétiennes. L'Evangile qui porte maintenant le nom de Matthieu n'est que la traduction de cet original. Mais tout cela est si peu certain, qu'on ne sait même pas le nom du traducteur, ainsi que l'avoue Jérôme. Les apologistes chrétiens disent. à la vérité, c'est un tel ou c'est tel autre, mais ce sont là des assertions toutes gratuites qui ne sauraient satisfaire les opposants. car on ne peut prouver qu'un écrit est réellement l'œuvre de la personne à laquelle il est attribué, par de simples hypothèses.
Nous ne pouvons non plus accepter les allégations des savants protestants, qui disent que c'est Matthieu, lui-même, qui a traduit son ouvrage de l'hébreu. Voici ce que dit à ce sujet, la Cycl. Britannica (vol.XIX. ) . "Tous les livres du Nouveau Testament ont été rédigés en grec, sauf l'Evangile de Matthieu et l'Epître aux Hébreux, qui ont été certainement écrits en hébreu".
Lardner dit (Œuvres vol. 11. p. 1 19) : "Papias dit que Matthieu a écrit son Evangile en hébreu, et que chacun le traduisit ensuite comme il pouvait". Ces mots « chacun le traduisit », prouvent que plusieurs traductions ont été faites, mais à moins qu'il ne soit démontré, par des témoignages authentiques, que la traduction existante est l'œuvre d'un tel, et que ce tel était inspiré, comment peut-on considérer l'ouvrage comme inspiré, comment peut-on considérer l'ouvrage comme inspiré ? Mais loin, d'être prouvé que ce traducteur était inspiré, on ne sait pas même s'il était digne de confiance.
Lardner dit ensuite (loc. cit p. 170) : "Irenée dit que Matthieu écrivit son Evangile pour les Juifs, dans leur langue, au temps où Pierre et Paul prêchaient à Rome". Il ajoute (p. 574) : "Il y a trois versions relatives à cet Evangile, d'après Origène, la première rapportée par Eusèbe, est que Matthieu aurait fait son Evangile en hébreu pour les convertis Juifs ; la seconde que Matthieu aurait composé son Evangile en hébreu, à l'intention des croyants Israélites ; la troisième qu'il l'aurait écrit pour les Juifs, qui attendaient la venue de celui qui devait descendre d'Abraham et de David".
Lardner dit ensuite (vol. IV. p. 95) : "Eusèbe rapporte que Matthieu, voulant aller prêcher ailleurs après avoir prêché parmi les Hébreux, écrivit son Evangile en leur langue et le leur laissa". Le même auteur cite ensuite Cyrille, Epiphane, Jérôme, augustin, Chrysostôme, Isidore, pour prouver que la rédaction primitive de l'Evangile de Matthieu a été faite en hébreu (vid. Lardner, vol. IV. p. 174, 187, 439, 441, 501, 538 ; vol. V. p. 137). Horne dit (vol. IV ) : "Bellarmin, Grotius, Casauban les évêques Walton et Tomline ; les Drs. Cave, Hammond, Mill, Harwood, Owen Campbell, Adam Clarke, Simon, Tillemont, Pritius, Du Pin, Calmet, Michaëlis, Irenée, Origène, Cyrille, Epiphane, Chrysostôme, Jérôme et autres, suivent l'opinion de Papias, que l'Evangile de Matthieu a été écrit en hébreu". Par "et autres", Horne entend :Grég . de Nazianze, Ebedjésu, Théophylacte, Euthymius, Eusèbe, Athanase, Augustin, Isidore, et autres, cités par Lardner, Watson.
On lit dans le Commentaire de D'Oyly et Mant (ad Matth.) : "Il y a eu, dans ces derniers temps, une grande différence d'opinion au sujet de la langue dans laquelle cet Evangile fut originairement écrit. Cependant un grand nombre des Pères primitifs déclarent positivement qu'il fut écrit par St. Matthieu, lui-même, en hébreu, c'est-à-dire, dans la langue qui était parlée alors en Palestine ; et dans une question de ce genre, qui est une question de fait, le témoignage réuni de l'antiquité devrait être décisif pour nous". Henry et Scott disent, à leur tour, que l'original hébraïque de Matthieu s'est perdu, parce que les Ebionites, qui niaient la divinité de Jésus-Christ, altérèrent le texte en plusieurs endroits, et il finit par être détruit après la destruction de Jérusalem. D'autre disent que les Nazaréens, ou Juifs convertis au christianisme, altérèrent le texte hébraïque en plusieurs endroits et les Ebionites en retranchèrent une foule de passages.
Riaux dit dans son Histoire de l'Evangile : "On a dit que Matthieu a écrit son Evangile en grec ; c'est une erreur contredite par Eusèbe et par d'autres écrivains ecclésiastiques des plus renommés, qui rapportent que Matthieu écrivit son Evangile en hébreu". Norton écrit, à ce propos, une page fort importante que je rapporterai ici (Com. vol. 1. p. 45, éd. de 1837, Boston) :"On croit que Matthieu a rédigé son Evangile en hébreu, sur l'affirmation unanime des anciens écrivains ecclésiastiques.
Je ne citerai que ceux qui jouissent du plus d'autorité : Papias, Irénée, Origène, Eusèbe, Jérôme sont d'accord sur ce point ; cet aveu est d'autant plus précieux à recueillir, que l'esprit de parti était aussi fort du temps de ces écrivains qu'il est de nos temps, et que s'il y avait eu le moindre doute à ce sujet, on se fût empressé de soutenir que l'original était en grec, et que le texte hébraïque n'était qu'une version. Jusqu'ici cette affirmation n'a jamais été discutée ; tout concourt à prouver au contraire, que le texte hébraïque original, altéré ou non, était entre les mains des Juifs convertis au christianisme".
Tout concourt à prouver cette vérité, que l'Evangile de Matthieu était à l'origine écrit en hébreu, et que ce texte existait du temps de Jérôme. On ne saurait donc admettre ces paroles de Horne, "il faut croire que Matthieu a écrit son Evangile en grec et en hébreu" car rien ne prouve cette affirmation. On sait d'ailleurs que Matthieu avait été témoin oculaire de la plupart des faits qu'il raconte : or rien dans son récit ne décèle ce fait. Jamais il ne parle en son nom personnel. Dans les Epîtres attribuées aux Apôtres, ceux-ci parlent toujours en leur nom ; de même dans son Evangile et dans les Actes, jusqu'au chapitre XIX., Luc ne prend jamais la parole en son nom, parce qu'il ne fait que rapporter ce qu'il avait entendu ;mais à partir du chapitre XX., il s'exprime de telle manière qu'on voit qu'il a pris part aux faits qu'il raconte.
Qu'on n'objecte pas ici l'Evangile de Jean et la Pentateuque de Moïse, qui pour nous sont plus que douteux, comme on l'a vu au chapitre 1. D'ailleurs, comment peut-on s'attacher à des hypothèses que contredit l'état extérieur de la chose, sans que des preuves solides supportent ces hypothèses ? Un auteur ne saurait être considéré comme digne de foi et de confiance, qu'autant que ses écrits le prouvent comme tel.
En outre, ne voit on pas que, de l'aveu de Henry et Scott, dès le 1er siècle de l'ère chrétienne, cet Evangile n'était pas universellement reconnu comme authentique et non altéré ; et que l'habitude de corrompre les écritures était déjà répandue dès cette époque reculée ? Si cette habitude n'était pas alors générale, il n'aurait pas été possible de corrompre cet écrit, et en supposant que quelqu'un eût réussi à y faire de altérations, cela n'aurait certainement pas porté la masse des Chrétiens de ce temps à rejeter l'écrit tout entier. Et si l'original n'a pas pu échapper à la corruption, comment croire qu'une traduction, dont on ignore l'auteur, et sur laquelle on n'a aucune donnée certaine, ait pu y échapper ? Le fait est que la traduction actuelle de l'Evangile de Matthieu est corrompue et que le célèbre savant manichéen, Faustus, ne faisait peut-être, que constater un fait avéré en disant que "l'Evangile attribué à Matthieu n'est pas l'Œuvre de cet Apôtre".
Et l'allemand Braufessor dit que "cet Evangile est entièrement faux". L'Evangile des Marcionites n'avait pas les deux premiers chapitres ;ces deux chapitres, donc, seraient apocryphes d'après cette secte. Ils l'étaient aussi d'après les Ebionites. Les Unitairiens, aussi, les considèrent comme tels, de même que le Rév. Williams .. et un grand nombre d'autres passages seraient apocryphes d'après Norton.
19ème preuve : Matthieu II. 23 . "Et elle alla demeurer dans une ville appelée Nazareth ; de sorte que fut accompli ce qui avant été dit par les Prophètes ; il sera appelé Nazaréen". On ne trouve rien de semblable dans aucun prophète. Admettons toutefois, avec les catholiques, que cette citation se trouvait dans les livres des Prophètes, qui furent détruits par les Juifs pour démentir les livres chrétiens. Je dis que la suppression de livres divins est un fait peut-être plus grave que l'inexactitude d'une citation.
Cette thèse a été soutenue par un catholique, Manfred, dans un ouvrage publié à Londres en l843 : "Les livres où se trouvaient ces paroles, dit-il, ont été détruits par les Juifs. Chrysostôme dit, dans son 9e Commentaire sur Matthieu qu'une foule de livres des Prophètes n'existent plus, parce que les Juifs les perdirent par insouciance, ou de propos délibéré. Il semble plus probable que les Juifs aient fait disparaître, avec intention, les livres des Prophètes, lorsqu'ils virent que les Apôtres tiraient profit de ces textes pour démontrer la religion chrétienne. Ainsi, par exemple, plusieurs livres qui sont cités par Matthieu, n'existent plus. Justin dit, dans sa dispute contre Triphon . "Les Juifs ont supprimé plusieurs livres de l'ancien Testament pour montrer que la nouvelle loi n'était pas de tout point conforme à l'ancienne". Il résulte de ces paroles de Manfred :
1) Que les Juifs détruisirent, par une insouciance irréligion, quelques livres de l' Ancien Testament ;
2) Que les falsifications étaient faciles dans les temps anciens. Quand on sait cela rejettera-t-on comme improbable l'hypothèse que les Juifs et les Chrétiens aient supprimé également, dans leurs livres, tout ce qui pouvait offrir un argument en faveur des Musulmans ?
20ème preuve : Matthieu I. 11 : "Josias engendra Jéchonias et ses frères, lors de la transportation à Babylone ". Il y a trois erreurs ici :
1) Jéchonias est fils de Joachim, fils de Josias. Il est donc petit-fils de ce dernier.
2) Jéchonias n'avait pas de frères ; c'est son père Joachim qui en avait.
3) Au temps de la captivité de Babylone, Jéchonias avait dix-huit ans déjà.
Adam Clarke dit :"D'après Calmet le verset 11 doit être lu ainsi: Josias engendra Joachim et ses frères, et Joachim engendra Jéchonias lors de la transportation de Babylone". D'après cette leçon proposée par Calmet et adoptée par Adam Clarke, ces mots, "Josias engendra Joachim", devraient être ajoutés au texte, ce qui est un aveu implicite que le texte est mutilé. De plus, elle n'écarte pas la 3e objection.
Ayant donné, ainsi, cent exemple en preuve des différentes espèces d'altérations qu'a subies le texte de l'Ecriture, je crois devoir m'arrêter pour ne pas être trop prolixe. J'ai, d'ailleurs, donné assez d'exemples pour prouver le fait de la corruption dans les livres saints de nos adversaires, sous ses trois formes, et répondre, ainsi, d'avance aux objections et allégations erronées qu'ils nous adressent. Mais, pour mieux préciser encore cette partie de mon sujet, je veux choisir, parmi les fausses allégations par lesquelles les docteurs chrétiens cherchent à surprendre la bonne foi du monde, les cinq principales, et tâcher de les réfuter.
-33e preuve : On lit dans les Actes (VIII. 37) : " Et Philippe lui dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela t'est permis. Et l'eunuque répondant, dit : Je crois que Jésus Christ est le Fils de Dieu ". Ce verset est interpolé par les partisans de la Trinité, c'est l'opinion de Griesbach et de Scholtz.
34ème preuve : On lit dans les Actes (IX. 5, 6) : " Et il répondit; Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il te serait dur de regimber contre les aiguillons ; alors, tout tremblant et effrayé, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et entre dans la ville, et là on te dira ce qu'il faut que tu fasses ". D'après Griesbach et Scholtz, ces mots : "Il te serait dur de regimber contre les aiguillons ; alors tout tremblant et effrayé, il dit Seigneur, que veux-tu que je fasse ?" sont interpolés.
35ème preuve : On lit dans les Actes (X. 6) : "Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison près de la mer ; c'est lui qui te dira ce qu'il faut que tu fasses". Cette dernière partie de la phrase, "c'est lui qui te dira", est interpolé selon Griesbach et Scholtz.
36ème preuve : Dans 1 Corinthiens X. 28 il y a : " Mais si quelqu'un vous dit : Cela a été sacrifié aux idoles, n'en mangez point, à cause de celui qui vous en a averti, et à cause de la conscience .. car la terre et tout ce qu'elle contient est au Seigneur ". Cette dernière phrase est interpolée. Horne, après avoir démontré cela ajoute : "Griesbach a omis ces mots dans son texte comme une clause qui devait très indubitablement être éliminée".
37ème preuve : Dans Matthieu (XII. 8) on lit . "Car le Fils de l'Homme est maître même du Sabbat ". Le mot "même" est interpolé. Horne le prouve puis il dit :"Cela est pris de Marc (II. 28) ou de Luc (VI. 5). Griesbach a cru, avec raison, devoir omettre ce mot, comme étant interpolé".
38ème preuve : Dans Matthieu (XII. 35) il y a : " L'homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur..." Les mots " son cœur" sont interpolés. Horne dit (vol. II. p. 330 ) . "On a pris ces mots de Luc (VI. 45)".
39ème preuve : Matthieu (VI. 13) : " Et ne nous abandonne point à la tentation, mais délivre-nous du malin. Car à toi appartient le règne, la puissance, et la gloire à jamais, Amen ". Il y a ici l'interpolation des mot : « Le règne, la gloire et la puissance à jamais » . Les Catholiques romains les rejettent, et on ne les trouve ni dans la Vulgate latine, ni dans la version Catholique anglaise.
Th. Ward dit dans son Errata (p. 18) au sujet de ces mots : "Non seulement Erasme les réprouve, mais Bullinger, lui même, les considèrent comme une simple pièce postiche ajoutée au reste par, il ne sait, qui ; et approuve le jugement d'Erasme condamnant Laurentius Valla pour avoir trouvé une faute à l'édition latine dans l'omission de ces paroles. 'Laurentius Valla', dit-il, 'n'a pas raison de tant s'échauffer comme si une pièce importante avait été retranchée de la prière du Seigneur. C'est plutôt leur témérité qu'on devrait blâmer pour avoir osé attacher leurs bimbelots à la prière du Seigneur"'. Les théologiens protestants eux-mêmes considèrent ces mots comme peu authentiques.
Adam Clarke, bien qu'il ne soit pas lui-même de cet avis, reconnaît cependant que "des critiques éminents, notamment Griesbach et Wetstein, croient ces mots interpolés". On le voit la falsification n'a pas même épargné la prière du Christ qui est dans toutes les bouches !
40ème preuve : Le verset 53 du 7e chap. de Jean et les vers. 1 à 11 du 8e sont interpolés. Horne dit à ce sujet (IV. 310) : "Erasme, Calvin, Bèze, Grotius, Le Clerc, Wetstein, Semler, Schulze, Morus, Haenlein, Paulus, Schmidt, et plusieurs autres mentionnés par Wolfius et par Koecher, n'admettent pas l'authenticité de ces passages". Il ajoute peu après : "Ils ne se trouvent pas dans plusieurs versions anciennes et ils ne sont ni cités ni commentés par Chrysostôme, Théophylacte, Nonnus, qui écrivirent des commentaires ou des expositions de cet Evangile ; ni par Tertullien ou Cyprien, qui ont écrit longuement sur la chasteté et l'adultère, et avaient par conséquent toute l'opportunité de citer ces passages, s'ils avaient existé dans leurs manuscrits". Th. Ward dit (sur l'autorité de Jérôme et d'Hilaire), que quelques anciens écrivains ecclésiastiques révoquaient en doute le commencement du 8e chapitre de Jean. Norton, aussi, est d'avis que ces versets sont interpolés.
41ème preuve : Matthieu (VI. 18) : "... Et ton père, qui te voit dans le secret, te récompensera publiquement ". Le mot publiquement est interpolé. Adam Clarke dit (ad loc ) .. "... Ce mot publiquement. étant , selon toute vraisemblance, interpolé, a été omis par Griesbach, Wetstein, Bengel, et autres".
42ème preuve : Dans Marc (II. 17) on lit les mots "au repentir", qui sont interpolés. Adam Clarke, après avoir dit qu'ils manquent dans plus de 32 manuscrits, dans la version syriaque, la persane, la copte. l'éthiopienne , la gothique. la Vulgate. dans six copies de l'Itala, et qu'ils sont omis par Euthymius et Augustin, ajoute qu'ils ont été omis par Griesbach, Grotius, Mill, et Bengel.
43ème preuve : Les mêmes mots se trouvent dans Matthieu (IX. 13), et ont été omis par les mêmes autorités et par d'autres encore, d'après Adam Clarke.
44ème preuve : Matthieu (XX. 22, 23) : " Mais Jésus répondant leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Et ils lui dirent : Nous le pouvons. Et il leur dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez baptisés du même baptême dont je serais baptisé "...
Les mots "et être baptisés", et les suivants, "et que vous serez baptisés", sont interpolés, et ont été omis par Griesbach dans les deux éditions de son texte. Adam Clarke dit (après avoir donné la liste des autorités MSS. et pères de l'Eglise - qui omettent ces passages) : "D'après les règles posées pour distinguer les vraies leçons des fausses, on ne saurait considérer ces passages comme faisant partie du texte".
45ème preuve : Luc (IX. 55, 56 ) . " Mais Jésus se tournant vers eux les censura et leur dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l'Homme n'est point venu pour faire périr les hommes, mais pour les sauver. Et il s'en allèrent dans un autre bourg ".
Ces mots, "le fils. de l'Homme", sont interpolés de l'aveu d'Adam Clarke, qui dit : "Griesbach a omis ces mots. La leçon originale parait avoir été la suivante : Mais Jésus se tournant vers eux les censura et leur dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Et ils s'en allèrent dans un autre bourg".
Troisième SECTION . - Altérations par Omission
1ère preuve : On lit dans la Genèse (XV. 13) : " Et l'Eternel dit à Abraham : Sache certainement que ta postérité séjournera dans un pays qui ne sera point à elle, qu'elle servira les habitants de ce pays, et y sera affligée pendant 400 ans ".
Cette prédiction et celle du vers. 14, " Je jugerai la nation ", se réfèrent évidemment à l'Egypte. On lit dans l'Exode (XII. 40) : "Or le séjour que firent les enfants d'Israël en Egypte fut de 430 ans ". La différence est claire. On doit donc ou avoir omis le mot trente dans la Genèse, ou l'avoir ajouté dans l'Exode. Mais il y a d'autres raisons qui me prouvent à ne plus en douter qu'il y a erreur dans les deux livres.
1) Moïse, était petit-fils et arrière petit-fils de Lévi, parce qu'il est fils de Josébed fille de Lévi par sa mère, et fils de Amran fils de Kéhath fils de Lévi par son père ; car Amran, père de Moïse, avait épousé sa tante (Exod. VI., Nom. XXVI.) ; Kéhath, aïeul de Moise, était né avant l'arrivée des fils de Jacob en Egypte (Gen. XLVI. 11). Le séjour des Israélites en Egypte ne peut donc pas avoir été de plus de 215 ans.
2) Les théologiens protestants admettent tous, que les enfants d'Israël n'ont demeuré en Egypte que 215 ans (voyez l'ouvrage intitulé guide de ceux qui étudient les Saintes Ecritures, imprimé à Malte en 1840 par les soins de la société Biblique Anglaise).
3) On lit dans l'Epître aux Galates (III. 16, 17) : " Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il ne dit pas et à ses postérités, comme s'il avait parlé de plusieurs ; mais il dit comme parlant d'une seule postérité qui est le Christ. Voici donc ce que je dis : que l'alliance que Dieu a auparavant confirmée en Jésus Christ, n'a pu être annulée, ni la promesse abolie par la loi, qui n'est venue que 430 ans après ". Ces paroles de Paul, bien qu'elles ne soient pas en elles-mêmes exemptes d'erreur, sont contraires à ce qui est dit dans l'Exode. Paul calcule le temps qui s'est écoulé entre Abraham et la promulgation de la loi, et le fixe à 430 sans tenir compte du séjour des Israélites en Egypte, que d'après l'Ecriture, a été de 430 ans. Le 40 e verset de l'Exode (XII.) a été ainsi corrigé dans la samaritaine et dans la version grecque . " Et le temps que les enfants d'Israël, et leurs pères et leurs ancêtres, séjournèrent dans Canaan et dans la terre d'Egypte, fut de 430 ans ".
J'ai souligné les interpolations. Adam Clarke dit (Com. ad. loc. vol. I. p. 369 ) . "Tous les Commentateurs trouvent une grande obscurité dans ce verset". Il y a autre chose que de l'obscurité, il y a une erreur certaine dans ce passage. Le même Commentateur rapporte la leçon samaritaine, et ajoute :"Le Codex Alexandrinus. est ici d'accord avec le texte samaritain ; plusieurs critiques éminents pensent que, pour les cinq livres de Moïse, le samaritain est le texte le plus correct. On sait aussi que le Codex d'Alexandrie est le meilleur et le plus ancien, pour le texte de la version grecque.
On ne saurait, d'autre part. douter de la véridicité de Paul. Le témoignage de ces trois autorités est d'ailleurs confirmé par l'histoire : "En effet, 25 ans se sont écoulés entre l'établissement d'Abraham dans la terre de Canaan et la naissance d'Isaac ; Isaac avait soixante ans lors de la naissance de Jacob, et celui-ci était âgé de cent trente ans lorsqu'il entra en Egypte - total 215 ans. En ajoutant à ce chiffre les 215 ans que les Israélites passèrent en Egypte, on a 430 ans".
Henry et Scott, après avoir dit que les Israélites séjournèrent en Egypte pendant 2 l 5 ans, rapportent la leçon du texte samaritain, et ajoutent ensuite : "Il n'est pas douteux que cette leçon est la vraie, et qu'elle dissipe toutes les difficultés que présente ce passage". On le voit, les critiques Chrétiens ne peuvent se tirer de difficulté qu'en avouant qu'il y a une erreur dans le texte hébraïque.
J'ai dit que les paroles de Paul elles-mêmes n'étaient exemptes d'erreur . en effet Paul, calcule430 ans du pacte d'alliance, qui eut lieu, d'après la Gen. (XVII. 21) un an avant la naissance d'Isaac, à la révélation de la loi dans le troisième mois après la sortie d'Egypte (Ex. XIX.) ; on a, d'après le calcul d'Adam Clarke, un total de 407 ans, et non 430, comme l'a dit Paul. Ici j'ai une remarque à faire. J'ai dit qu'Amaran (ou Amran) avait épousé sa tante. C'est là la vraie leçon qui se trouve sans un grand nombre de versions, entre autres l'anglaise, l'arabe, la persane.
Cependant dans la Bible arabe, imprimée en 1625, le mot tante a été changé en celui de cousine. Cette édition, faite sous le pontificat d'Urbain VIII., avait été corrigée, par un bon nombre de prêtres, de moines et de savants versés dans l'hébreu, l'arabe, et le grec, comme il est dit dans la préface. Il paraît donc que ces messieurs ont corrompu le texte, de propos délibéré, pour dégager du blâme les parents de Moïse, attendu que le Lévitique (XVIII. 12 et XX. 19) défend d'épouser sa propre tante. La même altération se trouve aussi dans l'édition arabe de 1848.
2ème preuve : On lit dans la Genèse (IV. 8) : " Et Caïn parla à Abel, et, quand ils furent dans les champs, Caïn se leva contre Abel et le tua ". La samaritaine, la version grecque, et les anciennes versions disent : " Et Caïn dit à Abel son frère, viens sortons aux champs ". Ce qui n'est pas dans le texte hébraïque. Horne dit (Com. ad loc. vol. I . p. 193) "Ces mots se trouvent dans la samaritaine, dans la version grecque, dans la syriaque et dans la Vulgate de l'édition polyglotte de l'évêque Walton. Kennicott est d'avis qu'il faudrait les insérer dans le texte hébraïque ; et il n'y a pas de doute que ce ne soit la leçon la plus correcte". Il dit aussi (p. 338, vol. I.), après avoir cité la leçon des . "Ici il y a évidemment une lacune dans tous les textes hébraïques septante . tant manuscrits qu'imprimés.
Les auteurs de la traductions Anglaise autorisée n'ayant pas pu découvrir ce qui avait été dit ... se contentèrent de mettre . 'Et Caïn parla à Abel son frère '.
Cette lacune se trouve remplie par les septante que corroborent le texte samaritain, le version syriaque, la Vulgate, les deux Targums (Commentaires) chaldéens, la version d' Aquila, et le passage cité par Philon ... Il n'y a donc point de doute que ces paroles se trouvaient dans le texte primitif.." Adam Clarke (Com. vol. 1. p. 63) dit la même chose que Horne. Ces mots ont été insérés dans la traduction arabe, éd. de 1831 et de 1848.
3ème preuve : On lit dans la Genèse hébraïque (VII. 17) : " Le déluge était depuis 40 jours sur la terre ", dans plusieurs versions latines et dans la version grecque ce passage est ainsi conçu : " Et le déluge était depuis quarante jours et quarante nuit sur la terre. Horne dit (vol. 1.) : "Il faut ajouter les mots et quarante nuits aux texte hébraïque ".
4ème preuve: ( Genèse XXXV. 22) texte hébraïque . " Pendant qu'Israël demeurait dans ce pays. Reuben vint et coucha avec Bilha, concubine de son père. Israël l'apprit..." Henry et Scott disent : "Selon les Rabbins, il manque ici quelques mots dans le texte hébraïque ; la version grecque complète la phrase ainsi « Et ce fut mauvais à ses yeux ". Les docteurs Juifs reconnaissent donc les lacunes dans leur texte ; il n'y a pas à s'étonner ; les gens du livre ne trouvent pas extraordinaire qu'on ait supprimé de leur texte un passage entier, habitués comme ils sont à reconnaître de si fréquentes omissions de lettres et de syllabes.
5 ème preuve : Horsley dit (vol. I. p. 82, ad Gen. XLIV. 5 ) . "Il faut ajouter au commencement de ce verset, d'après la version grecque, les mots suivants : Pourquoi avez-vous volé mon Gobelet ?" De l'aveu, donc, de ce savant, ces mots ont été omis dans le texte hébraïque.
6ème preuve : Genèse L. 25 : "... Vous ramènerez mes ossements d'ici ". La samaritaine et les versions grecque et latine disent : " vous ramènerez mes ossements d'ici avec vous ". Les mots avec vous" manquent dans le texte hébraïque ; Horne le reconnaît et approuve le Dr. Boothroyd de les avoir ajoutés dans sa nouvelle traduction.
7ème preuve : (Exode II. 22) : " Elle lui enfanta un fils et il l'appela Gerson, disant: Moi aussi j'étais hôte dans une terre étrangère ". La version grecque et la latine ajoutent . " Et elle lui enfanta un second fils, et l'appela Eléazar, disant : Parce que Dieu mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon ". Clarke dit (ad. loc.} : "Houbigant a ajouté cette phrase dans sa traduction latine en déclarant que c'est là sa place ; elle ne se trouve, toutefois, dans aucune copie du texte hébraïque, manuscrite ou imprimée, bien qu'elle se trouve dans les traductions anciennes les plus estimées".
8e preuve: ( Exode VI. 20) : "Et elle lui enfanta Aaron et Moïse". La samaritaine et la version grecque disent : Elle lui enfanta Aaron et Moïse et Miriam leur s( pur Adam Clarke dit : "La plupart des critiques les plus estimés pensent que ces mots se trouvaient dans le texte hébraïque, et ont été omis".
9ème preuve : (Nombres X. 6) : " Et quand vous sonnerez la seconde fois d'un son éclatant, les compagnies qui sont campées vers le midi partiront , ..." La version grecque ajoute : " et quand le cor retentira une troisième fois, on lèvera le camp au couchant et à la quatrième fois on lèvera le camp au levant ". Adam Clarke dit (vol. I. p. 663) : "Le texte hébraïque ne dit pas ce qu'on faisait pour les deux autres parties du camps, mais la version grecque complète le sens par ces mots : « Quand le cor retentira une troisième fois » .
10ème preuve : Horsley dit qu'il manque quelque chose dans Juges (XIV. 13, 14), qu'on peut suppléer par la version grecque, ainsi qu'il suit : " et il lui dit : Si tu prends sept cheveux de ma tête et les tresses avec du lin, et m'attaches au clou du mur, je deviendrai comme les autres hommes ; et elle l'endormit, prit sept cheveux de sa tête. les tressa et le garotta ".
11ème preuve : Adam Clarke dit (vol. II. p. 1676) : Dans la version grecque on a omis tout le 3e verset excepté le mot chécania et les versets 4, 5, 6, 9, 37à 41 . La traduction arabe omet les vingt-six premiers versets, et le verset 29.
12ème preuve : (Job XLII. 17) : " Job mourut âgé et rassasié de jours ". La version grecque ajoute : " Et il sera ressuscité de nouveau parmi ceux que ressuscitera le Seigneur " ., suit un aperçu sommaire de la généalogie et de la vie de Job.
Calmet et Herder, admettent l'authenticité de cet aperçu ; il l'était aussi par Philon et par Polyhistor ; il était aussi généralement admis comme authentique du temps d'Origène, et il se trouve dans la version de Théodotion. Il s'ensuit que, d'après la croyance des Chrétiens du temps d'Origène, le texte hébreu était dans cet endroit mutilé. Les critiques Protestants le croient interpolé , donc la version grecque serait, d'après eux, corrompue par interpolation. Horne dit : "Mais il (1' aperçu) est certainement apocryphe, car, non seulement il n'a jamais fait partie d'aucun MS. hébraïque, mais en admettant même qu'il fût antérieur au temps de N. S., il est trop récent pour être admis comme évidence pour un fait d'une antiquité si reculée...". S'il est vrai qu'elle est antérieure au Christ il faut admettre que les Apôtres, et les Chrétiens après eux, ont reconnu pendant quinze cents ans comme parole de Dieu un texte faux, parce qu'ils avaient la version grecque en grande estime, et la considéraient comme correcte, et regardaient le texte hébraïque comme mutilé.
13ème preuve : Au 14e Psaume, on lit, après le 3e verset, dans la Vulgate, dans la version éthiopienne, dans la traduction arabe, et dans le MS. Vatican de la version grecque, les paroles qui suivent : " Leur gosier est un sépulcre ouvert ;avec leurs langues ils disaient le faux ; dans leurs lèvres il y a le venin des aspics ; leur bouche est pleine de blasphèmes et d'amertume ; leurs pieds sont empressés à répandre le sang ; ... La perdition et les infortunes sont dans leurs sentiers, et ils ne connurent pas la voie de la paix ~ la crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux ".
Ces paroles ne se trouvent pas dans le texte hébraïque ; on les lit dans l'épître de Paul aux Romains. De deux choses l'une : ou les juifs ont omis ce passage dans le texte hébraïque, et dans ce cas il y aurait corruption du texte par mutilation ; ou les Chrétiens l'ont ajouté dans leurs versions pour justifier la citation de leur sanctifié Paul, et alors il y aurait interpolation. Adam Clarke dit (ad loc. ) . On trouve après ce verset (sc.le V. 3) dans le Codex Vaticanus, dans la Vulgate, dans la traduction éthiopienne, et dans l'arabe, six autres, que Paul rapporte dans l'Epître aux Romains (III. 13- 1 8)
14ème preuve : Isaïe (XL. 5) : " Et la gloire de l'Eternel se manifestera ; toute chair ensemble (la) verra ; car la bouche de l'Eternel a parlé ". La version grecque dit : " et toute chair verra le salut de notre Dieu, car la bouche de l'Eternel l'a dit ".
Adam Clarke dit (vol. IV. p. 2785) : "Je crois que la leçon grecque est la plus correcte. Le texte hébraïque a dû être mutilé à une époque fort ancienne, avant les versions chaldéenne, latine, et syriaque. Ce passage se trouve dans toutes les copies de la version grecque, et dans Luc chap. III ; cependant je possède un MS. Très ancien dans lequel ce verset manque entièrement". Horne dit la même chose (vol. II. 1ère part. sect. 6). Henry et Scott disent : "Il faut ajouter ici, après le mot 'verra', « le salut de notre Dieu ». Voy. LII. 10, et la version grecque". Le texte hébraïque est donc corrompu de l'aveu de ces savants, et cette omission, d'après Adam Clarke, remonte à une date fort ancienne.
15ème preuve : Adam Clarke dit (ad. Isaïe, LXIV. 5) : "Je crois que le copiste a sauté ici quelques mots. Cette omission doit être fort ancienne, et les interprètes modernes n'ont pas été plus heureux que les anciens dans les efforts qu'ils ont faits pour expliquer ce verset".
16ème preuve : Horne dit (vol. IV. p. 478) : "Dans le 21e chapitre de Luc, on a omis tout un verset, entre le 33e et le 34e. Il faut l'y ajouter, d'après Matthieu XXIX. 36, ou Marc XIII. 32". Il ajoute en note : Aucun commentateur n'avait remarqué cette grave lacune, jusqu'à Hales qui la releva le premier . Voilà donc de l'aveu de Horne, une omission d'un verset entier qu'il faut réintégrer en l'empruntant à Matthieu ou à Marc. Voici ce verset :" Mais quant à ce jour-là et à l'heure, personne n'en a connaissance, pas même les anges des cieux, sinon mon père seul ".
17ème preuve : Actes XVI. 7 . "... mais l'Esprit ne le leur permit pas ". Griesbach et Schultz disent : "Il faut lire ici ... mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas ". Ces mots se trouvent dans la traduction arabe, éd. de 1761 et de 1821.
18ème preuve : L'Evangile qui porte le nom de Matthieu, et qui est le premier en date. n'est pas certainement celui qui a été rédigé par cet Evangéliste. En effet tous les Chrétiens primitifs, disent que l'Evangile original de Matthieu était en hébreu, et qu'il se perdit par le fait de quelques sectes chrétiennes. L'Evangile qui porte maintenant le nom de Matthieu n'est que la traduction de cet original. Mais tout cela est si peu certain, qu'on ne sait même pas le nom du traducteur, ainsi que l'avoue Jérôme. Les apologistes chrétiens disent. à la vérité, c'est un tel ou c'est tel autre, mais ce sont là des assertions toutes gratuites qui ne sauraient satisfaire les opposants. car on ne peut prouver qu'un écrit est réellement l'œuvre de la personne à laquelle il est attribué, par de simples hypothèses.
Nous ne pouvons non plus accepter les allégations des savants protestants, qui disent que c'est Matthieu, lui-même, qui a traduit son ouvrage de l'hébreu. Voici ce que dit à ce sujet, la Cycl. Britannica (vol.XIX. ) . "Tous les livres du Nouveau Testament ont été rédigés en grec, sauf l'Evangile de Matthieu et l'Epître aux Hébreux, qui ont été certainement écrits en hébreu".
Lardner dit (Œuvres vol. 11. p. 1 19) : "Papias dit que Matthieu a écrit son Evangile en hébreu, et que chacun le traduisit ensuite comme il pouvait". Ces mots « chacun le traduisit », prouvent que plusieurs traductions ont été faites, mais à moins qu'il ne soit démontré, par des témoignages authentiques, que la traduction existante est l'œuvre d'un tel, et que ce tel était inspiré, comment peut-on considérer l'ouvrage comme inspiré, comment peut-on considérer l'ouvrage comme inspiré ? Mais loin, d'être prouvé que ce traducteur était inspiré, on ne sait pas même s'il était digne de confiance.
Lardner dit ensuite (loc. cit p. 170) : "Irenée dit que Matthieu écrivit son Evangile pour les Juifs, dans leur langue, au temps où Pierre et Paul prêchaient à Rome". Il ajoute (p. 574) : "Il y a trois versions relatives à cet Evangile, d'après Origène, la première rapportée par Eusèbe, est que Matthieu aurait fait son Evangile en hébreu pour les convertis Juifs ; la seconde que Matthieu aurait composé son Evangile en hébreu, à l'intention des croyants Israélites ; la troisième qu'il l'aurait écrit pour les Juifs, qui attendaient la venue de celui qui devait descendre d'Abraham et de David".
Lardner dit ensuite (vol. IV. p. 95) : "Eusèbe rapporte que Matthieu, voulant aller prêcher ailleurs après avoir prêché parmi les Hébreux, écrivit son Evangile en leur langue et le leur laissa". Le même auteur cite ensuite Cyrille, Epiphane, Jérôme, augustin, Chrysostôme, Isidore, pour prouver que la rédaction primitive de l'Evangile de Matthieu a été faite en hébreu (vid. Lardner, vol. IV. p. 174, 187, 439, 441, 501, 538 ; vol. V. p. 137). Horne dit (vol. IV ) : "Bellarmin, Grotius, Casauban les évêques Walton et Tomline ; les Drs. Cave, Hammond, Mill, Harwood, Owen Campbell, Adam Clarke, Simon, Tillemont, Pritius, Du Pin, Calmet, Michaëlis, Irenée, Origène, Cyrille, Epiphane, Chrysostôme, Jérôme et autres, suivent l'opinion de Papias, que l'Evangile de Matthieu a été écrit en hébreu". Par "et autres", Horne entend :Grég . de Nazianze, Ebedjésu, Théophylacte, Euthymius, Eusèbe, Athanase, Augustin, Isidore, et autres, cités par Lardner, Watson.
On lit dans le Commentaire de D'Oyly et Mant (ad Matth.) : "Il y a eu, dans ces derniers temps, une grande différence d'opinion au sujet de la langue dans laquelle cet Evangile fut originairement écrit. Cependant un grand nombre des Pères primitifs déclarent positivement qu'il fut écrit par St. Matthieu, lui-même, en hébreu, c'est-à-dire, dans la langue qui était parlée alors en Palestine ; et dans une question de ce genre, qui est une question de fait, le témoignage réuni de l'antiquité devrait être décisif pour nous". Henry et Scott disent, à leur tour, que l'original hébraïque de Matthieu s'est perdu, parce que les Ebionites, qui niaient la divinité de Jésus-Christ, altérèrent le texte en plusieurs endroits, et il finit par être détruit après la destruction de Jérusalem. D'autre disent que les Nazaréens, ou Juifs convertis au christianisme, altérèrent le texte hébraïque en plusieurs endroits et les Ebionites en retranchèrent une foule de passages.
Riaux dit dans son Histoire de l'Evangile : "On a dit que Matthieu a écrit son Evangile en grec ; c'est une erreur contredite par Eusèbe et par d'autres écrivains ecclésiastiques des plus renommés, qui rapportent que Matthieu écrivit son Evangile en hébreu". Norton écrit, à ce propos, une page fort importante que je rapporterai ici (Com. vol. 1. p. 45, éd. de 1837, Boston) :"On croit que Matthieu a rédigé son Evangile en hébreu, sur l'affirmation unanime des anciens écrivains ecclésiastiques.
Je ne citerai que ceux qui jouissent du plus d'autorité : Papias, Irénée, Origène, Eusèbe, Jérôme sont d'accord sur ce point ; cet aveu est d'autant plus précieux à recueillir, que l'esprit de parti était aussi fort du temps de ces écrivains qu'il est de nos temps, et que s'il y avait eu le moindre doute à ce sujet, on se fût empressé de soutenir que l'original était en grec, et que le texte hébraïque n'était qu'une version. Jusqu'ici cette affirmation n'a jamais été discutée ; tout concourt à prouver au contraire, que le texte hébraïque original, altéré ou non, était entre les mains des Juifs convertis au christianisme".
Tout concourt à prouver cette vérité, que l'Evangile de Matthieu était à l'origine écrit en hébreu, et que ce texte existait du temps de Jérôme. On ne saurait donc admettre ces paroles de Horne, "il faut croire que Matthieu a écrit son Evangile en grec et en hébreu" car rien ne prouve cette affirmation. On sait d'ailleurs que Matthieu avait été témoin oculaire de la plupart des faits qu'il raconte : or rien dans son récit ne décèle ce fait. Jamais il ne parle en son nom personnel. Dans les Epîtres attribuées aux Apôtres, ceux-ci parlent toujours en leur nom ; de même dans son Evangile et dans les Actes, jusqu'au chapitre XIX., Luc ne prend jamais la parole en son nom, parce qu'il ne fait que rapporter ce qu'il avait entendu ;mais à partir du chapitre XX., il s'exprime de telle manière qu'on voit qu'il a pris part aux faits qu'il raconte.
Qu'on n'objecte pas ici l'Evangile de Jean et la Pentateuque de Moïse, qui pour nous sont plus que douteux, comme on l'a vu au chapitre 1. D'ailleurs, comment peut-on s'attacher à des hypothèses que contredit l'état extérieur de la chose, sans que des preuves solides supportent ces hypothèses ? Un auteur ne saurait être considéré comme digne de foi et de confiance, qu'autant que ses écrits le prouvent comme tel.
En outre, ne voit on pas que, de l'aveu de Henry et Scott, dès le 1er siècle de l'ère chrétienne, cet Evangile n'était pas universellement reconnu comme authentique et non altéré ; et que l'habitude de corrompre les écritures était déjà répandue dès cette époque reculée ? Si cette habitude n'était pas alors générale, il n'aurait pas été possible de corrompre cet écrit, et en supposant que quelqu'un eût réussi à y faire de altérations, cela n'aurait certainement pas porté la masse des Chrétiens de ce temps à rejeter l'écrit tout entier. Et si l'original n'a pas pu échapper à la corruption, comment croire qu'une traduction, dont on ignore l'auteur, et sur laquelle on n'a aucune donnée certaine, ait pu y échapper ? Le fait est que la traduction actuelle de l'Evangile de Matthieu est corrompue et que le célèbre savant manichéen, Faustus, ne faisait peut-être, que constater un fait avéré en disant que "l'Evangile attribué à Matthieu n'est pas l'Œuvre de cet Apôtre".
Et l'allemand Braufessor dit que "cet Evangile est entièrement faux". L'Evangile des Marcionites n'avait pas les deux premiers chapitres ;ces deux chapitres, donc, seraient apocryphes d'après cette secte. Ils l'étaient aussi d'après les Ebionites. Les Unitairiens, aussi, les considèrent comme tels, de même que le Rév. Williams .. et un grand nombre d'autres passages seraient apocryphes d'après Norton.
19ème preuve : Matthieu II. 23 . "Et elle alla demeurer dans une ville appelée Nazareth ; de sorte que fut accompli ce qui avant été dit par les Prophètes ; il sera appelé Nazaréen". On ne trouve rien de semblable dans aucun prophète. Admettons toutefois, avec les catholiques, que cette citation se trouvait dans les livres des Prophètes, qui furent détruits par les Juifs pour démentir les livres chrétiens. Je dis que la suppression de livres divins est un fait peut-être plus grave que l'inexactitude d'une citation.
Cette thèse a été soutenue par un catholique, Manfred, dans un ouvrage publié à Londres en l843 : "Les livres où se trouvaient ces paroles, dit-il, ont été détruits par les Juifs. Chrysostôme dit, dans son 9e Commentaire sur Matthieu qu'une foule de livres des Prophètes n'existent plus, parce que les Juifs les perdirent par insouciance, ou de propos délibéré. Il semble plus probable que les Juifs aient fait disparaître, avec intention, les livres des Prophètes, lorsqu'ils virent que les Apôtres tiraient profit de ces textes pour démontrer la religion chrétienne. Ainsi, par exemple, plusieurs livres qui sont cités par Matthieu, n'existent plus. Justin dit, dans sa dispute contre Triphon . "Les Juifs ont supprimé plusieurs livres de l'ancien Testament pour montrer que la nouvelle loi n'était pas de tout point conforme à l'ancienne". Il résulte de ces paroles de Manfred :
1) Que les Juifs détruisirent, par une insouciance irréligion, quelques livres de l' Ancien Testament ;
2) Que les falsifications étaient faciles dans les temps anciens. Quand on sait cela rejettera-t-on comme improbable l'hypothèse que les Juifs et les Chrétiens aient supprimé également, dans leurs livres, tout ce qui pouvait offrir un argument en faveur des Musulmans ?
20ème preuve : Matthieu I. 11 : "Josias engendra Jéchonias et ses frères, lors de la transportation à Babylone ". Il y a trois erreurs ici :
1) Jéchonias est fils de Joachim, fils de Josias. Il est donc petit-fils de ce dernier.
2) Jéchonias n'avait pas de frères ; c'est son père Joachim qui en avait.
3) Au temps de la captivité de Babylone, Jéchonias avait dix-huit ans déjà.
Adam Clarke dit :"D'après Calmet le verset 11 doit être lu ainsi: Josias engendra Joachim et ses frères, et Joachim engendra Jéchonias lors de la transportation de Babylone". D'après cette leçon proposée par Calmet et adoptée par Adam Clarke, ces mots, "Josias engendra Joachim", devraient être ajoutés au texte, ce qui est un aveu implicite que le texte est mutilé. De plus, elle n'écarte pas la 3e objection.
Ayant donné, ainsi, cent exemple en preuve des différentes espèces d'altérations qu'a subies le texte de l'Ecriture, je crois devoir m'arrêter pour ne pas être trop prolixe. J'ai, d'ailleurs, donné assez d'exemples pour prouver le fait de la corruption dans les livres saints de nos adversaires, sous ses trois formes, et répondre, ainsi, d'avance aux objections et allégations erronées qu'ils nous adressent. Mais, pour mieux préciser encore cette partie de mon sujet, je veux choisir, parmi les fausses allégations par lesquelles les docteurs chrétiens cherchent à surprendre la bonne foi du monde, les cinq principales, et tâcher de les réfuter.
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