22 octobre 2008
DEUXIÈME ALLÉGATION
On a dit que le Christ a reconnu l'authenticité des Ecritures, dont il a cité plusieurs passages.
Je répondrai à cela par ce qui suit :
I) Les divers livres de l'Ecriture ne nous ont pas été transmis par une suite authentique et continue de traditions, ainsi que nous l'avons déjà vu pour le livre d'Esther, pour celui de Matthieu, et comme nous le verrons pour le livre de Job, pour le Cantique des Cantiques et autres ; les nombreuses interpolations qu'offrent ces textes ne nous permettent pas de les considérer comme authentiques ; et la citation de quelques versets isolés ne prouve rien en faveur de leur sincérité. Ces versets eux-mêmes peuvent être des interpolations faites à la fin du 2ème siècle, ou au commencement du troisième, pour combattre les Ebionites, les Marcionites, les Manichéens et d'autres, qui niaient l'authenticité de l'Ancien Testament, en tout ou en partie.
Bell dit dans son ouvrage, que nous avons déjà cité, en parlant des Marcionites :"Cette secte croyait à l'existence de deux Dieux, dont un avait crée le bien et l'autre le mal, et que le Pentateuque et tous les autres livres de l'Ancien Testament étaient une création du principe du mal". Lardner dit (vol. VIII. p. 486) : "Les Marcionites disaient que le Dieu des Juifs n'était pas le père de Jésus, et que le Christ était venu pour détruire la loi de Moise, car elle était contraire à celle qu'il prêchait".
Lardner dit aussi, en parlant des Manichéens (vol. III. p. 390) : "Tous les historiens sont unanimes à affirmer que cette secte n'admettait pas les livres de l'Ancien Testament. Dans les Actes d'Archelaüs, les principes de cette secte sont exposés ainsi ; le diable trompa les prophètes juifs ; ce fut lui qui parla à Moïse et aux prophètes. Ils citaient aussi le 8 ème verset du chap. X. de Jean, où le Christ appelle ces prophètes voleurs et brigands". Mais je n'insisterai pas d'avantage là-dessus.
II) Ces versets dont on se prévaut contre nous ne fixent ni le nombre, ni les noms de l'Ancien Testament. Ces livres sont-ils les trente-neuf admis par les Protestants, ou les quarante-six reçus par les Catholiques, au nombre desquels on trouve le livre de Daniel, que les Juifs contemporains de Jésus et de Josèphe rejetaient comme non inspiré ? Josèphe, historien estimé des Juifs et des Chrétiens, et qui reconnaissait lui-même l'inspiration du livre de Daniel, dit dans son histoire : "Nous n'avons pas des milliers de livres, se contredisant les uns les autres. Nous n'avons que vingt-deux livres, où sont racontés les événements des temps passés, et qui sont d'inspiration divine : ce sont les cinq livres de Moïse, qui contiennent l'histoire du monde depuis la création jusqu'à la mort de Moïse, treize livres écrits par les prophètes contenant l'histoire de leur temps depuis la mort de Moise jusqu'au temps d'Artaxerce . les quatre autres livres contiennent les louanges du Seigneur".,
Ce passage de Josèphe ne prouve rien en faveur de l'authenticité des livres de l'Ancien Testament que nous possédons ; car les Protestants admettent outre le Pentateuque, trente-quatre livres inspirés, et les Catholiques quarante un, tandis que Josèphe ne parle que de dix-sept livres, qui très probablement ne sont pas ceux que nous connaissons. Josèphe attribue à Ezéchiel outre les prophéties, deux autres livres que nous ne possédons pas, et qu'il doit avoir compris dans les dix-sept livres inspirés de l'Ecriture. Nous avons vu plus haut, que Chrysostôme, et d'autres théologiens catholiques, ont accusé les Juifs d'avoir détruit ou perdu quelques-uns des saints livres ; il n'est pas impossible qu'au nombre des ouvrages détruits, il y ait eu quelques-uns des dix-sept dont parle Josèphe. Il y a d'ailleurs d'autres ouvrages dont ni les Protestants, ni les Catholiques ne peuvent nier la perte.
1) Le livre des guerres du Seigneur dont il est parlé dans les Nombres (XXI. 14). Henry et Scott disent : "On croit que ce livre fut rédigé par Moïse pour l'instruction de Josué, et qu'il contenait la délimitation du pays de Moab".
2) Le livre de Jascher, dont il est parlé dans Josué (X. 13), et dans 2 Samuel (I. 18).
3) 4) 5) Trois ouvrages de Salomon, c'est a dire, un recueil de mille cinq psaumes composés par ce roi, l'histoire des créatures (ou le livre des plantes de des animaux), et trois mille proverbes ou maximes. Il est parlé de ces livres dans 1 Rois (IV. 32, 33). Adam Clarke dit (vol. II. ad. loc. ) .." Les proverbes attribués à Salomon sont au nombre de neuf cents ou 923, ou bien de 650, suivant ceux qui croient que les six premiers chapitres ne sont pas de Salomon. Il ne reste des mille et cinq Psaumes que le Cantique des Cantiques, en admettant que le Psaume 127 qui porte le nom de Salomon ne soit pas de lui". Clarke ajoute : "Les savants regrettent la perte irréparable du livre des créatures".
6) Le livre des maximes des rois (ou des droits du royaume ?) écrit par Samuel et dont il est parlé dans 1 Samuel (X. 25).
1) L'histoire de Samuel.
2) Les actes de Nathan le prophète.
3) L'histoire de Gad le voyant ( 1 Chron. XXIX. 30). Adam Clarke dit (vol. II p. 1522) :"Tous ces livres n'existent plus".
4) Le livre de Schemaïa le prophète.
5) Le livre de Iddo le voyant (2 Chron. XII. 15).
6) Le livre du prophète Ottya.
7) La vision de Jehdi le voyant (2 Chron. IX. 29). Adam Clarke dit (vol. II p. 1539 ) . "Tous ces livres sont perdus".
8) Le livre de Jéhou fils de Hanani (2 Chron. XX. 34). Adam Clarke dit (vol. II p. 1561) : "Ce livre n'existe plus bien que le rédacteur du 2ème livre des Chroniques paraisse l'avoir eu sous les yeux".
9) Le livre du prophète Isaie dans lequel on lisait toute l'histoire du roi Ozias (cf 2 Chron. XXVI. 22). Adam Clarke dit (vol. II p. 1573) :"Ce livre est entièrement perdu".
10) Le livre des visions d'Isaie, contenant l'histoire du roi Ezechias (2 Chron. XXXII. 32).
11) L'élégie de Jérémie sur Josias (2 Chron. XXXV. 25). Adam Clarke dit : "Cette élégie n'existe plus". On lit dans le Commentaire de D'Oyly et Mant : "Cette élégie est perdue ; il ne faut pas la confondre avec les Lamentations, qui ont pour sujet la désolation de Jérusalem et la mort de Sédécias".
12) Le livre des Chronologies (Néhém. XII. 23). Adam Clarke dit (vol. II p. 1676 ) . "Ce livre ne se trouve pas parmi ceux que nous possédons ; il ne faut pas le confondre avec les Chroniques que nous avons". Nous avons vu plus haut que Josèphe attribue au prophète Ezéchiel deux livres qui n'existent plus. Ce serait donc vingt livres qui nous manqueraient et les Protestants eux-mêmes ne sauraient le nier. Thomas Ingles dit, dans son ouvrage intitulé "Le Miroir de la Vérité", publié en Hindoustani en l85l , et déjà cité : "Le nombre des livres perdus est de vingt environ, d'après tous les savants".
Observation. - Dans les anciens livres musulmans on lit des prédictions, tirées des Ecritures, qu'on ne trouve pas dans les livres que les Juifs et les Chrétiens reconnaissent maintenant comme authentiques. Elles étaient probablement dans les livres perdus. Ainsi on sait par Josèphe que de son temps on attribuait à Moïse cinq livres de l'Ancien Testament, mais rien ne prouve que ces livres étaient ceux qui lui sont attribués. C'est plutôt le contraire qui paraît vrai vu que Josèphe est, parfois en contradiction avec le Pentateuque, et l'on sait combien il était bon Juif. On ne comprendrait pas que, sans motif il se fût mis en contradiction avec des livres qu'il croyait inspirés.
III) En admettant que les mêmes livres que nous avons aient existé du temps de Jésus Christ et des Apôtres, et qu'il en eût affirmé l'authenticité, nous dirons que leur témoignage ne prouve autre chose que l'existence de ces livres parmi les Juifs à cette époque. Cela ne veut pas dire qu'ils appartiennent réellement aux auteurs auxquels on les attribue, ni que tout ce qui est dit dans ces livres est vrai sans exception. Il y a plus ; la citation, par le Christ, ou par les Apôtres, d'un passage des Ecritures n'est pas une preuve sans réplique de la vérité de ce passage ; si le Messie avait dit expressément que tel passage, ou telle loi, est une révélation divine, et si cette opinion de Jésus nous eût été transmise par une suite de traditions authentiques, il n'y aurait plus rien à dire, ce passage serait inspiré ; mais tout le reste demeurait également douteux. Ce que je dis là n'est pas seulement une opinion personnelle à moi ; c'est celle qu'ont dû adopter les savants protestants pour répondre à ceux qu'ils appellent des infidèles, et dont le nombre est grand dans tous les pays de l'Europe.
Paley dit (P. III ch. 3, éd. de 1850 ) . " Assurément notre Sauveur affirme l'origine divine de la loi Mosaïque ; et abstraction faite de son autorité, je crois qu'il est très difficile d'expliquer autrement l'origine de cette loi, surtout quand on voit les Juifs demeurer fidèles au Monothéisme, pendant que tous les autres peuples croupissaient dans l'idolâtrie, quand on les voit si peu avancés dans les arts de la paix et de la guerre, et cependant supérieurs à tous les autres peuples par leur conception de Dieu. Notre Sauveur reconnaît aussi le caractère prophétique de plusieurs des écrivains de l'Ancien Testament, jusque là, nous autres Chrétiens nous devons croire ce qui a été dit par Jésus-Christ. Mais de là à rendre le Christianisme garant, au risque de son existence même, de la vérité de chaque passage de l'Ancien Testament, de l'authenticité de chacun de ses livres, de la connaissance, de la fidélité et du jugement de chacun de leurs auteurs respectifs, c'est, à coup sûr, s'imposer à plaisir, je ne dirai pas de grandes difficultés, mais des difficultés inutiles.
Ces livres étaient généralement, lus et admis par les Juifs du temps de notre Seigneur. Lui et ses Apôtres, en commun avec les autres Juifs, se référaient à ces livres, en parlaient, s'en servaient. Néanmoins, à l'exception des cas où N.S. attribue une autorité divine à une prédiction déterminée, je ne pense pas que nous puissions à la rigueur tirer d'autre preuve, de cet emploi et de cette application des dits livres, que celle, - qui en effet en est une, - de leur notoriété et de leur admission à cette époque (c'est-à-dire qu'ils étaient reçus et admis comme authentiques par tout le monde). A ce point de vue, nos Ecritures présentent un témoignage précieux en faveur de celles des Juifs. Mais il faut bien s'entendre sur la nature de ce témoignage. Ce n'est pas, comme on semble l'entendre quelquefois, une confirmation de tous les faits et de toutes les opinions qui se trouvent dans l'Ancien Testament ; et non seulement de tous les faits, mais de tous les motifs assignés à chaque action, avec le jugement de louange ou de blâme porté sur chacune. St. Jacques dit dans son Epître (V. 11) : "Vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur". Malgré cette citation, on a toujours cru pouvoir discuter, sans impiété, la réalité de l'histoire de Job, et même son existence.
L'autorité de St. Jacques ne prouve qu'une chose, l'existence du livre de Job de son temps, et l'autorité dont ce livre jouissait parmi les Juifs. St. Paul, dans sa 2 ème Epître à Timothée (III 8) dit : "De même de Janès et Jambrès ont résisté à Moise, de même ceux-ci résistent à la vérité". Ces noms ne se trouvent pas dans l'Ancien Testament ; on ne sait si St. Paul les a trouvés dans quelques écrit apocryphe de son temps, ou pris d'une tradition qui avait cours alors. Mais personne n'a jamais pensé que Paul voulût ici affirmer la vérité du fait qu'il citait, d'après un livre ou une tradition de son époque ; encore moins peut-on songer à faire dépendre la vérité et l'autorité des paroles de Paul du plus ou du moins de vérité de ce fait, savoir : si Janès ou Jambrès ont résisté à Moïse. Je ne sais comprendre pourquoi on doive procéder autrement dans d'autres cas. Ce n'est pas que je pense que les autres points de l'histoire juive soient aussi douteux que la vie de Job, et l'existence de Janès et de Jambrès.
Cela est même bien loin de ma pensée ; je veux dire seulement qu'une allusion faite dans le Nouveau Testament à un passage de l'Ancien, ne le confirme pas à tel point que tout doute doive cesser à cet égard, et que c'est une maxime bien nouvelle et bien dangereuse que de dire, comme on ne l'a dit d'aucune autre, que l'histoire juive doit être ou entièrement vraie ou entièrement fausse. J'ai pensé devoir établir bien clairement ce point, parce que depuis quelque temps, on semble vouloir attaquer le Christianisme du côté du Judaïsme. Quelques-unes des difficultés que l'on présente sont fondées sur un malentendu, d'autres sur des exagérations ; mais elles partent toutes de cette supposition que, le témoignage du fondateur et des promulgateurs du Christianisme en faveur de la mission divine de Moise et des prophètes, doivent s'étendre aussi à toute les parties de l'histoire juive, et qu'il s'y relie si étroitement, que la vérité du Christianisme dépendrait de la vérité circonstancielle, et je dirais, presque, de l'exactitude critique de chacun des faits contenus dans l'Ancien Testament".
Je prie maintenant le lecteur de voir si ces paroles de Paley ne correspondent pas exactement à ce que j'ai répété jusqu'ici. Les doutes qu'on a soulevés, d'après lui, sur la réalité de l'histoire de Job, et même sur l'existence de ce personnage, remontent à une date assez ancienne. Le célèbre Maïmonide, Michaëlis, Le Clerc, Semler, et d'autres, disent que Job est un nom supposé, et son histoire un conte imaginaire, une pure fable ; Calmet, Van Til, et autres affirment, au contraire, que Job a réellement existé. Mais les divergences éclatent surtout quand il s'agit de déterminer l'époque à laquelle Job a existé ; il y a sept opinions différentes à cet égard. Les uns ont soutenu que Job était contemporain de Moise ; d'autres le font vivre au temps des Juges, après Josué ; d'autres le disent contemporain d'Assuérus, de Jacob, de Salomon, de Nabuchodonosor ; et d'autres, enfin, le font antérieur au passage d'Abraham dans la terre de Canaan.
Horne dit : "La légèreté avec laquelle toutes ces hypothèses ont été présentées est déjà une preuve de leur insuffisance". La position du pays d'Ouz, où Job habitait, n'a pas donné lieu à moins de discussions ; Bochart, Spanheim, Calmet, et d'autres croient que ce pays est l'Arabie ; Michaëlis, Ilgen, et Jahn le placent près de Damas ; l'Evêque Lowth, l'Archevêque Magee, les Drs. Hales et Good et autres parmi les plus modernes croient que c'est d'Idumée. Le livre de Job a pour auteur selon les uns Elie, selon d'autres Job, Salomon, Isaie, ou un inconnu contemporain de Manassé, ou Ezékiel, ou Esdras, ou un descendant d'Elihu, ou enfin Moïse. Les partisans de cette dernière opinion ne sont pas non plus d'accord sur la rédaction primitive de ce livre. Les uns disent que Moise l'a écrit dès l'origine en hébreu, d'autres, parmi lesquels figure Origène, qu'il l'a traduit du syriaque en hébreu. Nous avons déjà exposé les discussions auxquelles a donné lieu la conclusion du livre.
Voilà donc vingt-quatre opinions différentes qui démontrent d'une manière irréfutable que les gens du livre n'ont pas une suite authentique de traditions pour fixer la valeur de leurs écritures, et qu'ils procèdent au hasard et par hypothèse.
L'Evêque Théodore, qui vivait au 5ème siècle, critiqua vivement le livre de Job . Ward rapporte ces paroles de Luther . "Le livre de Job n'est qu'un roman". Ce livre, qu'admettent également les Protestants de les Catholiques, n'est donc, d'après Maimonide, Michaëlis, Le Clerc, Semler, et tous les autres critiques que nous avons nommés plus haut, qu'une fable, qu'un conte fabriqué ; d'après Théodore, il donne prise à la critique de tout côté ; d'après Luther, ce grand fondateur de la secte protestante, il ne mérite pas la moindre attention, et, enfin, d'après les autres, on n'en connaît même pas l'auteur ; dans ces conditions, comment est-il possible de le considérer comme inspiré ? Nous avons vu aussi que le livre d'Esther était considéré, jusqu'en 346, comme apocryphe, et que l'auteur même en est inconnu.
Il en est autant du Cantique des Cantiques. qui a été vivement critiqué par Théodore. le même qui a critiqué le livre de Job ; Simon et Le Clerc n'en reconnaissent pas l'authenticité ; Wiston et plusieurs savants modernes disent que c'est une chanson licencieuse, qu'on ne devrait pas admettre parmi les livres inspirés ; Semler le croit apocryphe ; d'après Ward, Castalio disait qu'il aurait fallu rayer ce livre du canon.
Il en est de même de bien d'autres livres des deux Testaments. Si les témoignage du Christ et des Apôtres était une preuve décisive de l'authenticité de l'Ancien Testament, dans toutes ses parties, on n'aurait pas vu des divergences aussi grandes parmi les savants chrétiens de toutes les époques. Ce qu'à dit Paley doit être considéré comme leur réponse définitive, en dehors de laquelle ils ne pourraient trouver d'autres arguments à opposer aux adversaires du Christianisme. Puisque c' est un fait admis, par les Juifs et les Chrétiens à la fois, qu'Esdras a commis des erreurs dans les livres des Chroniques, comment peut-on résoudre la difficulté si l'on n'admet pas aussi la conclusion de Paley ?
IV) En admettant, par l'absurde, que le témoignage du Christ et des Apôtres soit une confirmation de l'Ancien Testament dans toutes ses parties. cela ne nuirait en rien à notre cause ; car nous avons vu que Justin, Chrysostôme, Augustin, et autres parmi les anciens pères, tous les docteurs catholiques modernes. et parmi les Protestants : Salbergius, Grabe, Whitaker, Ad. Clarke, Humphrey, et Watson, accusent, tous, les Juifs d'avoir corrompu les textes de l'Ecriture postérieurement à la venue du Christ et à l'époque des Apôtres ; et nous avons vu, aussi, qu'indépendamment de cette accusation, les critiques Protestants sont obligés de reconnaître que dans bien des endroits le texte hébraïque est corrompu.
Or nous demanderons à ces Messieurs : Les passages qu'ils reconnaissent comme altérés, l'étaient-ils du temps du Christ et des Apôtres, quand ils attestaient l'authenticité du texte dans toutes ses parties, ou ne l'étaient-ils pas ? Le premier cas, aucune personne religieuse ne l'admettrait ; le second ne nuirait pas au témoignage du Christ et des Apôtres, ce témoignage ne pouvant être affecté par les altérations postérieures. Quant à la raison qu'ils donnent, que si l'altération eût été faite par les Israélites avant le Christ, il le leur aurait reproché, je dirai, d'une part, que, d'après l'habitude qui était en vogue chez. les premiers Chrétiens, cette raison n'est pas admissible ; et d'ailleurs, il est prouvé que des altérations eurent lieu de leur temps et ils en accusèrent les Juifs. Mais, abstraction faite de cette ancienne habitude, je dirais. d'autre part, que, selon les principes de nos adversaires, il n'y avait pas de nécessité pour un tel reproche.
N'avons nous pas vu, au sujet des monts Ghérizim et Ebal. que les critiques protestants sont divisés en deux partis ; que le premier soutient l'authenticité de la leçon du texte hébraïque, et que le second, Kennicott en tête, soutient celle du texte samaritain. et prétend que les Israélites auraient altéré leur texte cinq cents ans après Moïse, et conséquemment 951 ans avant le Christ ; que nonobstant l'inimitié entre les Juifs et les Samaritains, produite par leur dispute au sujet de ces deux noms ainsi que les autres différences existantes entre les deux textes, le Christ ne fit aucune observation à ce sujet dans la conversation qu'il eut avec la femme samaritaine, et à laquelle nous avons fait allusion aussi ; et que Kennicott a pris ce silence comme une preuve de l'authenticité du texte samaritain ? En outre parmi les différences entre les deux textes, le Samaritain contient un commandement en plus des dix que donne le texte hébraïque ; la dispute, entre les deux partis, à ce sujet, date aussi d'un temps très reculé ; cependant, ni le Christ, ni ses Apôtres, n'en ont rien dit. Cela ne prouve-t-il pas ce que j'avance ?
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